Villefranque, architecture et maisons du village

Sur le plan architectural et urbanistique, Villefranque n’est pas le modèle incontestable d’une agglomération rurale en Pays basque. Elle a depuis longtemps été constituée de nombreux quartiers isolés, reliés par un réseau ancien de petits chemins, accueillant une population relativement importante mais de faible densité. Divisé en îlots dispersés et progressivement construits, le village manque plutôt d’unité. Les espaces vastes et encore vides sont souvent comblés par des divisions foncières familiales au coup par coup, sans plan d’ensemble ni équipements cohérents le long des voies existantes, qui n’ont ni trottoirs piétons, ni pistes cyclables. La voirie n’a guère évolué depuis le XIXe siècle et l’axe routier nord-sud est de plus en plus surchargé pour être utilisé comme contournement de Bayonne quand on vient de la vallée de la Nive. L’église redevenue unique, quelques commerces regroupés, le fronton, ainsi que les écoles, le « bois », le trinquet et la Maison pour tous forment aujourd’hui, avec la mairie, le centre du village, le point de rencontre communal partagé occasionnellement avec les fêtes de quartier.

C’était déjà une banlieue bayonnaise au Moyen Age. Mêlé à des exploitations agricoles dans une campagne vallonnée et boisée, après l’élimination des seigneurs locaux (voir par ailleurs), sans caractère spécifique, sinon la perspective sur les montagnes et, par endroit, sur la Nive. Sa paroisse a un moment englobé celle de Saint-Pierre d’Irube, alors moins peuplée. L’aspect de la commune-dortoir s’accélère depuis une ou deux décennies, à l’instar de ses voisines.

Si on ne rencontre pas à Villefranque des bâtiments universellement célèbres, quelques exemples méritent néanmoins d’être retenus pour leur qualité architecturale, leur caractère identifiant ou leur référence à un maître d’œuvre notoire.

Le plus ancien bâtiment, ou partie de bâtiment discernable, Donamartienea, est le vestige d’une tour noble ou d’un palais à l’emplacement, ou à proximité d’une église ancienne sur laquelle serait bâtie l’église actuelle. L’ancien nom du village, Saint-Martin de Basters, atteste de l’existence d’une construction au XIème siècle. Les façades nord et ouest correctement restaurées, en pierres massives dans les angles et autour de fenêtres, sont partiellement enduites. Elles ont probablement été reprises au XVIème siècle et des travaux récents ont poursuivi leur restauration. Elles présentent à l’étage des ouvertures, dont une grande baie à meneau et traverses en pierre de taille, et une ouverture simple, également à traverse sur le mur de retour. La baie double est surmontée d’une moulure au profil élégant, encadrant le linteau et se retournant horizontalement de chaque côté. Au rez-de-chaussée, une meurtrière et des ouvertures modernes témoignent de transformations intérieures qui n’ont pas trop altéré la partie Renaissance.

L’église

Proche de cet ouvrage, sur le replat occupé par le vieux cimetière, l’église orientée de Villefranque est un excellent modèle du type labourdin du XVIIème siècle. Son mur triangulaire assez aigu dépasse la toiture, il est surmonté d’une croix. De nombreux remaniements et travaux ont été réalisés au siècle dernier, dans les années 1940 et postérieurement. Sa situation dominante à mi-pente, exposée aux intempéries, attire le regard dans un rayon assez vaste sans pour autant déterminer un véritable centre vers lequel un parvis ou des rues pouvaient converger. On y accède en effet par un cul-de-sac étroit et en forte pente, terminé par des marques dans l’angle nord-ouest, contre le porche.

L’église semble plutôt vaste pour un centre-bourg assez modeste mais la population était déjà importante lors de sa construction et a nécessité la réalisation de galeries. Rectangulaire, prolongée par un chevet polygonal à trois pans, avec une toiture en bâtière et à croupes, l’église est couverte en tuiles. Elle est surmontée, à l’arrière dépassant, d’une chambre à cloches, en bois, ouverte par deux fenêtres en plein cintre à l’ouest et garnie d’abat-sons. Cet élément traversant le mur pignon, autrefois en saillie, formait une bretèche reposant sur des corbeaux en pierre encore visibles. Devant le mur du clocher a été ajouté un corps de porche à deux niveaux, moins élevé que l’église et remplaçant probablement un appentis. Le porche est ouvert de part et d’autre par des arcs en plein cintre. Il est surmonté d’une salle de réunion en saillie au nord et couverte à deux versants.

 

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Eglise : détails clocher et porche

Sous le porche, à côté des pierres tombales, ont été aménagés contre le mur du fond la tombe de Mgr Saint-Pierre né à Villefranque (1884-1951), et un banc de pierre (ancien banc des jurats) sur lequel ont été scellées des stèles discoïdales. La salle supérieure (ancienne salle du Conseil) est accessible par un escalier extérieur sur la façade nord, dans l’épaisseur de l’élargissement du porche.

Délaissée durant plusieurs années puis doublée au début du XXème siècle par l’église construite pour Mlle Anaïs Olhagaray, qui a également financé la réparation du clocher, l’église a été classée en 1927 et reçoit différentes subventions qui ont permis sa restauration sur plusieurs décennies.

L’intérieur de l’église

On pénètre par un portail, en cintre surbaissé, précédé de marches qui donnent un peu de caractère à cet ensemble modeste. De part et d’autre, des tables de pierre gravée rappellent les noms d’anciens curés. L’église s’ouvre sur une nef simple, avec trois étages de tribunes à l’arrière et seulement deux longues galeries sur les côtés. Datées de 1632, elles sont en bois sur corbeaux et poteaux. A l’entrée, deux escaliers à quartier tournant se font face. Ils desservent les deux premiers niveaux de tribunes, prolongées par les galeries. Ils se poursuivent par un seul escalier d’accès à la troisième tribune qui a été condamnée. Enfin, un escalier droit, côté Evangile, dessert le premier niveau, permettant au prêtre d’accéder à la chaire richement décorée, surmontée d’une couronne en bois.

Au premier étage, la tribune comporte un espace axé sur la nef, entouré d’une balustrade traitée comme les garde-corps avec barreaudage en bois tourné. Elle séparait un banc d’œuvre ou la place réservée aux jurats. Le sol au rez-de-chaussée est dallé et vient buter contre les marches du chœur. L’autel rehaussé est accessible par une série de marches sur un palier protégé par une rambarde en fer forgé. De part et d’autre de l’escalier, en contrebas, deux portes symétriques permettent d’accéder à la sacristie, sous l’autel.

La nef est voûtée en plein cintre et lambrissée, le chœur en cul de four est nervuré. Des fenêtres en plein cintre, en grand nombre, diffusent un bon éclairage. Un vitrail XIXème est resté à l’emplacement initial des fonts baptismaux aujourd’hui déplacés dans le chœur. Les autels latéraux ont été plaqués contre les murs. Le retable est décrit dans le chapitre sur les églises.

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La nef avec ses galeries et la chaire, à droite le rétable

 

La Mairie

Située au carrefour des routes extérieures (Ustaritz, Saint-Pierre d’Irube-Bayonne, Mouguerre), la mairie, construite en 1856, est un bâtiment rectangulaire à deux niveaux… toit à croupes comme on en trouve beaucoup dans le centre du village, réalisés ou rehaussés au XIXème siècle. Ces maisons ont des chaînes d’angle en pierres apparentes et présentent souvent des encadrements de fenêtres en bois. La maison Bidegainberria derrière le fronton, de même facture, est un ancien relais de poste où on changeait les chevaux (l’écurie est devenue le séjour actuel)…

 

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La mairie construite en 1856 – Bidegainberria, ancien relais de poste

 

La poste

Poste1        Poste2

Poste3Depuis 1835 à 1892, la desserte postale de Villefranque était assurée par Bayonne.

En septembre 1893, un emploi de facteur-boîtier est créé dans la commune. Il est transformé en facteur-receveur en juin 1928, puis en bureau de direction le 1er février 1973.

Le bureau de poste (avant de porter le nom de PTT), aura connu des pérégrinations dans le village. Il fut implanté vers 1900 dans l’immeuble Ithurraldia ; c’était la première porte derrière le poteau, on voit l’enseigne « Poste ».

Elle déménagea un peu plus bas dans l’immeuble Constantinea, on y voit aussi le panneau « Postes ».

Dans les années 50, le conseil municipal, au lieu de payer un loyer, décidait de bâtir une vraie poste, sur un terrain attenant acheté à un privé. Le maire de l’époque s’inspira de la poste de Bidart pour l’architecture.

Depuis 5 ans, la poste n’existe plus en tant que telle, on y a créé des logements sociaux.

Elle a été remplacée par une agence postale gérée par la commune. Mais le service a été réduit et on ne peut pratiquement plus y faire d’opérations financières importantes.

 

Photo : Dourthe, le facteur, garde-champêtre.

 

 

Jakintza
Association Jakintza – Villefranque

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