Je suis née au mois d’août, j’ai vécu une petite enfance assez heureuse. Et puis le jour du décès de maman cela a été fini. À 10 ans je suis partie dans un orphelinat à Pau, je suis restée 8 ans et après je suis revenue avec papa, et j’ai commencé comme une dame à faire ce que font les mamans : « les repas et tout… ». Mais j’étais très maladroite parce que je n’avais pas, comment dire, travailler la dessus, faire les repas tout ça mais enfin je m’y suis vite mise. Je suis partie de l’orphelinat j’avais 18 ans. On sortait un peu quand il y a eu les hommes qui sont revenus d’Allemagne. On allait au bal le soir et c’est là que j’ai connu mon mari. Et je me suis mariée 2 ans après que je l’ai connu à 22 ans. Ses parents étaient décédés et il y avait encore 2 autres garçons et j’ai du prendre le relais de la maman, j’ai toujours vécu à Montaut. J’ai eu mon 1er enfant à 24 ans.
Mon mari est parti au Canada pendant 2 ans, il m’a laissée avec ma fille. J’ai eu mon deuxième enfant quand il est revenu. Il est parti pour aller gagner un peu d’argent, il voulait payer la maison à ses frères. Il s’est beaucoup ennuyé au Canada. Il partait dans la forêt avec 1m 50 de neige où il coupait un peu de bois. Mon mari n’était pas bucheron avant, il travaillait dans une usine de boutons à Montaut, puis après, il est allé dans une usine de papier qui n’existe plus maintenant. Moi, je suis partie travailler à Lourdes à la maternité avec les bébés. J’avais une cousine qui me gardait ma fille qui avait 2 ans et demi et je vivais chez elle à Lourdes. Je n’ai travaillé que 2 ans parce que ma fille a attrapé la fièvre typhoïde, alors il a fallu que je donne ma démission pour ne pas contaminer les bébés.
Quand mon mari est revenu du Canada, ma fille était heureuse de revoir son père et moi aussi ! Il a eu assez d’argent pour payer le voyage du retour mais pour partir il avait emprunté. Il a rendu tout cet argent petit à petit et puis il est revenu en bateau ça changeait.
J’ai laissé le travail, je pouvais reprendre si j’avais voulu mais mon mari n’a pas voulu. Il a attendu un moment pour avoir une place, il a travaillé dans une usine de meubles où il était vernisseur au pistolet et après il a eu la chance de rentrer à Turboméca, il y est resté 20 ans.
Moi je faisais des ménages chez des dames par ci par là, celles qui me demandaient. J’allais chez ma belle sœur qui avait sa mère impotente. Elle travaillait des fois à l’usine à Arudy, alors je prenais sa place et je la remplaçais pour s’occuper de sa maman. Sa maman était tombée et du coup elle était en fauteuil roulant. Je la gardais tout en repassant et en raccommodant voilà mes journées. J’ai cousu et tricoté toute ma vie. C’est une cousine qui m’a appris à tricoter et je fais toujours le même modèle de chaussons.
J’ai été heureuse dans ma vie ça allait. On avait le jardin, on était heureux, j’y travaillais. Quand mon mari est décédé je me suis occupé du jardin comme s’il avait été là. Mais c’était un petit jardin, il y avait 4 carrés assez grands alors je plantais, je semais…
Je mettais des légumes, des haricots verts, des poireaux, des pommes de terre. J’avais derrière un petit poulailler, je nourrissais le cochon. J’en avais même deux ! En haut il y avait le poulailler, en bas une cour à cochon.
J’ai élevé mes filles toute seule, il y avait pas de nounous, pas de grand-mère, il y avait rien alors je restais à la maison. Je ne grondais pas trop mes filles lorsqu’elles faisaient leurs devoirs. Petites, je les amenais à l’école et encore elles y allaient tard. Maintenant il y a des crèches, il y a de tout avant il y avait pas, alors j’ai du garder la petite jusqu’à 4 ans, jusqu’à ce qu’elle aille à l’école. Mes filles étaient gentilles ! Mais des fois je les grondais bien sur mais pas méchamment. Je leur donnais des lignes quand elles n’étaient pas trop sages. Oui ! C’était la punition dans le temps ou des verbes c’était encore mieux il fallait conjuguer le verbe à tous les temps. Il fallait un peu de discipline. Il n’y avait pas de gifle mais il y avait un peu de discipline quand même, fallait corriger ! Mais quand elles étaient un peu plus grandes, lorsqu’elles ont su écrire.
Et puis je suis rentrée à la maison de retraite. Ca va faire 9 ans au mois de juin que je suis ici. J’étais malade, j’ai une maladie qui m‘a rattrapée ! Je ne pouvais pas me relever si je tombais. Alors, j’ai du faire le deuil de tout. Ce n’est pas chez nous, il faut faire avec. J’ai du vendre ma maison parce que je ne pouvais pas refaire le toit. J’ai eu mal au cœur ! Faire le partage avec mes filles en 3, elles se sont partagées tout, j’ai rien récupéré sauf ces 2 photos, les photos de mariage de mes 2 filles ! Elles sont primordiales !