La pelote à Villefranque

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Amicale des Sports – Pelote basque

Des élèves robustes, plus habitués aux travaux des fermes qu’au canapé-télé, à la course à travers champs plutôt qu’à la voiture devant l’école… Avec trois murs de fronton comme cour d’école et le défi à chaque point de chaque partie.


MM. Barneix, Etcheto alias Chipitey, Labiaguerre, Pierre et Félix Vivier, Escapil, toute l’Amicale!

Il n’en fallait pas plus pour fournir des légions de joueurs qui étaient redoutés sur toutes les canchas du Pays basque. C’était, avec Mendionde, la plus grosse école de pelote du Pays basque. La liste des joueurs et des titres serait plus longue qu’un ticket de supermarché une veille de réveillon !

A la louche et de 1945 à 1980, on peut compter 30 titres, toutes catégories confondues, de champion du Pays basque, de France ou de diverses coupes. Si l’on rentre dans les catégories jeunes, que ce soit en scolaire ou en Union basque, on est au-delà de ce chiffre. Quant aux joueurs licenciés, bons ou pas bons, on dépasse la centaine.

Dès lors, le risque est gros de citer quelqu’un car on en oubliera forcément. Alors on ne retiendra que trois joueurs : Pierre Vivier, Robert Dufourcq et Manuel Martiarena, qui ont marqué l’Histoire et correspondent à trois générations.

Pierre Vivier

Né à l’ombre du vieux fronton en 1924, il ne pouvait échapper à la pelote : en 1939, il était déjà champion de France scolaire, puis junior en 1941 et 1942. Lui qui n’avait jamais mis les pieds dans un trinquet, il remporta le titre en 1943 (avec le père Dufourcq) et 1944. En mur à gauche, il devient champion du monde en 1944 en battant le champion d‘Espagne Dufur!

Ce titre lui permet de passer professionnel, s’ensuit toute une litanie de titres et de finales avec ou contre les Harambillet, Zugazt, Etchemendy, Damestoy, Laduche, Chateauneuf, Saint-Martin, Aguer et compagnie.

Pour les fêtes du 3 au 15 août 1949, il aligne 10 parties en 15 jours. Des mains de fer et une condition hors normes, d’autant que son père Félix lui demandait de travailler à la forge (ça devait durcir les mains et gonfler les biceps !).

Une carrière exceptionnelle, bien gérée car la recette était pour les gagnants, certains ont joué autant que lui, n’ont pas gagné souvent et sont restés les poches bien plates !

 

 

 

Jean-Baptiste Dufourcq
et Pierre Vivier

Pierre Vivier avec M. Ibarnégaray, président de la FFPB

 

 

Laduche, Vivier, Harambillet, Mondragonès

Robert Dufourcq

Né dans le sérail entre son père et son cousin, trempé dans la marmite du « père Escapil », sa carrure d’athlète lui permit de s’exprimer au plus haut niveau à la pelote basque, d’autant qu’un gaucher est toujours difficile à manœuvrer.

Cependant, il fut un bon espoir du rugby à l’Aviron Bayonnais, mettant la tête là où beaucoup n’osaient pas mettre la main. Mais très vite, le sol dur des canchas l’emporta sur le doux gazon des terrains.

 

 

 

 

 De la puissance, de la détermination, une volonté de fer, une gauche redoutable

 Voici l’essentiel de son palmarès en quelques lignes :

  • vice-champion du monde en mur à gauche (contre les Espagnols !),
  • 6 titres de champion de France en trinquet à 2×2,
  • 3 victoires en coupe Open,
  • plusieurs titres de champion de France dans toutes les catégories.

Et un cas unique dans l’histoire de la pelote : vainqueur la même année en trinquet, mur à gauche et place libre avec… le chanteur Michel Etcheverry, qui renonça à la pelote après avoir été sévèrement blessé à la main. Robert a été aussi très apprécié pour les parties de fêtes en tant que joueur mais aussi animateur, tant il attaquait tous les coins de la cancha.

Manuel Martiarena dit Manu

Son palmarès éloquent parle à lui tout seul. Il glane tout au long de sa carrière sportive les titres les plus glorieux. Il sera aussi dans la foulée le président d’Eskulari durant de longues années.

 

De l’équilibre, du style, de l’esthétisme, un jeu très fluide.

 Voici l’essentiel de son palmarès en quelques lignes :

  • champion du monde des moins de 22 ans à Montevideo,
  • champion du monde seniors à Vitoria,
  • 6 titres de champion de France individuel en trinquet,
  • champion de France en trinquet en 2×2,
  • champion de France place libre.

Dans l’histoire de la pelote, un fait unique : Bideondo, sur blessure, doit abandonner la finale, laissant Manu vainqueur par forfait. Manu refuse le titre et demande à rejouer le titre, à ses risques et périls. Heureusement, il gagne, mais de justesse !

Plusieurs titres dans les catégories « jeunes », trinquet, mur à gauche et place libre.

Mais n’oublions pas ses cinq titres à chistera, joko garbi, jusqu’en minimes avec l’Aviron Bayonnais. Il était de loin le meilleur de la triplette, mais chaque fois qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, c’était toujours sa faute. Peut-être qu’il n’était pas né du bon côté de la frontière. Il demanda aux coaches de Villefranque de jouer à main nue.

Une gageure totale, le geste n’est pas le même et c’est à force d’entraînements à huis clos, avec ses copains du club, qu’il y arriva. Grâce à son talent hors normes. Et peut-être un peu de rage au coeur.

On le retrouvera aussi en finale de rebot avec Villefranque, un autre pied de nez à la logique !


Le rebot en finale

C’est une véritable aventure de pieds nickelés. Le fronton de Villefranque venait d’être refait, 95 m de long, 15 m de large et un sol qui remonte légèrement de 80 cm (mais chut ! comme pour les cyclistes, les « nôtres » savaient comment attaquer !).


L’équipe avec MM Larramendy, Poulou, Hiriart. Fred Fourneaux au but

 

 Manu avec le gant de cuir

 Une bande de copains décida de se mettre au rebot : Laurent et David Piquet, Michel Mihura au joko, Manuel Martiarena au gant de cuir et Frédéric Fourmeaux au but. La première année, on se moqua bien d’eux : c’était quoi, cette petite chapelle qui voulait s’attaquer aux grandes cathédrales sacrées ? Carrément un crime de lèse-majesté !

La 2e année, on rigola moins, l’une après l’autre les équipes tombaient, en demi-finale un des grands favoris de Hasparren mettait un genou à terre. A la surprise générale Villefranque se présentait à la finale de la Grande semaine, à Saint-Jean-de-Luz. Contre l’Aviron, déjà titré 12 fois, qui remporta logiquement le 13e, non sans avoir bataillé ferme contre ces va-nu-pieds !

En 1987, Lahonce, Villefranque et Briscous s’unissaient sous la bannière d’Eskulari dont le siège est à Lahonce. Il s’agissait de constituer des équipes compétitives mais aussi de mutualiser les moyens en mettant dans le pot commun un mur à gauche, 2 trinquets, 3 frontons.

A compter de cette date, la pelote à main nue n’existe plus à l’Amicale des sports
et sort de notre parcours historique à Villefranque.

Jakintza
Association Jakintza – Villefranque

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