Mon arrière, arrière grand-mère nourrice à Paris,

Mon arrière, arrière grand-mère faisait des saisons comme nourrice à Paris, car les femmes riches avaient honte d’allaiter leurs enfants. Elle commença à partir de 30 ans, elle partait tous les 3, 4 ans environ, en laissant son nourrisson chez les voisins pour 6 mois. Elle allait en train de Bayonne à Bordeaux et de Bordeaux à Paris, la durée du voyage était d’environ 15 à 18 heures de trajet. Elle arrivait là-bas, souvent le soir, fatiguée et commençait à travailler le lendemain chez un écrivain, une famille riche : la famille « Labrunie ». Ce métier était très bien rémunéré, elle écrivait souvent à la maison pour prendre des nouvelles et quand elle avait fini la saison, elle revenait chez elle, contente de revoir les siens et en plus, avec de l’argent.

Voici une lettre qui date du 6 janvier 1898 écrite par Germaine Labrunie en calligraphie anglaise.

Disant :

Ma bonne nounou,

Maman a reçu votre lettre pendant que j’étais en vacances, aussi c’est moi qui vient vous répondre à sa place. Je suis sûre que vous ne me reconnaîtriez pas tellement j’ai grandi vous devez du reste en juger sur la photographie que maman vous a envoyée.

Vous dites que votre fils est parti pour l’armée, Stéphan part aussi, mais pas pour l’armée, simplement pour l’Allemagne, il en est très content.

Geneviève a 9 ans depuis le mois dernier, elle est très grande pour son âge, mais aussi malheureusement bien diable elle me fait mettre en colère à chaque instant, car elle est capricieuse comme une petite chèvre.

Bon papa et bonne maman vont très bien, mais grand-père, le père de papa est mort, il avait 79 ans.

Maman vous fait dire qu’elle vous écrira dans quelque temps. Elle vous enverra un paquet mais elle vous préviendra d’avance afin que vous puissiez le faire prendre.

Adieu ma chère nourrice je vous embrasse bien ainsi que Graciana et tous vos autres enfants.

Dites bien des choses aussi à mon père nourricier.

Germaine Labrunie

Le 6 janvier 1898