M Arnaud, pouvez-vous nous parler du métier que vous avez exercé ?
La bonne question est celle-là : Pourquoi je suis allé dans le métier de cordonnier ? Maman est devenue veuve pendant la guerre et elle était seule. Ça a été très difficile pour elle et pour nous tous. Nous étions tellement pauvres que nous avions toujours les pieds dans l’eau et elle a eu plusieurs accouchements (nous étions 7 enfants). Je l’entends encore parler toute seule et dire : « Nous ne pouvons pas rester comme ça, même si ça ne lui plait pas, il y en a un que je dois pousser à être cordonnier ». Nous habitions le village de Lons, c’était très caillouteux et il y avait beaucoup de troupeaux de vaches et de moutons.
Elle est donc allée, près du château de Pau, voir un bottier qui faisait toutes les chaussures. Maman m’a placé là-bas en tant qu’apprenti et puis ce monsieur, bottier de métier, qui travaillait très bien, m’a appris son métier. J’avais 11 ans. J’ai pris sa suite après. J’ai d’abord chaussé toute ma famille, puis deux de mes frères étaient gendarmes, j’ai fait leurs bottes. Je suis ensuite devenu cordonnier pour la police de la préfecture qui gardait le préfet.
En parallèle, j’enseignais dans une école de cordonnerie que j’ai créée dans l’usine Bidegain. C’étaient des élèves qui venaient de l’éducation nationale. Il y en avait une quarantaine et j’étais leur seul enseignant cordonnier.
Le hasard et le miracle culturel d’Internet ont permis que je lise votre article ! Nombreux étaient les cordonniers ,ã Pau et mon pere exerçait avec amour et dextérité ce métier ! Il excellait dans la » chaussure sur mesure » au 10 rue du 14 juillet ! J’ai souvenance delà guerre et des allemands qui venaient faire réparer leurs chaussures ! chaque année il y avait l.arbre de Noël pour les enfants de cordonnier , salle Justin Blanc rue Latapie! Maintenant ,ce monde là à disparu ! On ne répare plus , on jette!