Mes dures années au STO

Le 02 février, nous sommes allés interviewer M.Alustiza à la maison de retraite de Sainte-Elizabeth de Cambo-les-bains.

Je suis parti de Bayonne (avec 9 autres Basques des environs)  et suis arrivé en mars 43 en Allemagne en tant que déporté du travail.

Je suis resté 2 ans et demi, jusqu’au 29 mai 1945, date à laquelle les Canadiens nous ont libérés.

 Au début, je travaillais dans une usine et nous nous retirions après le travail dans un camp. Les conditions étaient difficiles ; pendant la pause on ne mangeait souvent que de la soupe et le soir on dormait dans des « lits » à trois étages.

 Arrivé en Allemagne j’ai appris qu’on avait le droit d’envoyer une lettre à un parent prisonnier de guerre. J’ai écrit au plus jeune frère de ma mère qui était prisonnier. Après beaucoup de temps, mon oncle a reçu ma lettre. Ils étaient 27 dans son commando et parmi eux il y avait un interprète qui l’a aidé à rédiger la lettre en français, car mon oncle ne savait que le basque. Et la lettre m’est parvenue à Hambourg. La lettre m’expliquait comment le rejoindre car mon oncle était à 35 kilomètres de Hambourg.  

 J’allais donc le voir le samedi car je commençais à 6h30 et je finissais à 15h00. Le 3 août, il y a eu le bombardement d’Hambourg. Il y avait des gros avions qui volaient, qui faisaient du bruit, qui larguaient des bombes de 500kg ou plus. C’étaient des bombes à air comprimé et quand elles s’écrasaient, toutes les toitures s’arrachaient et il y avait d’autres avions qui lâchaient ce qu’on appelait des « crayons » qui s’enflammaient en touchant la terre.

Ce samedi soir, j’étais avec mon oncle et quand je suis revenu à Hambourg, il ne restait plus rien de l’usine et du camp : tout était complètement brûlé, toutes mes affaires aussi, Je n’avais que les vêtements que je portais !

Je suis retourné à la ferme où était mon oncle, Il y avait aussi un Russe, une Ukrainienne et le patron. J’ai appris à traire les vaches là bas. Il y avait 13 vaches, qu’il fallait traire matin et soir. Je suis resté un mois là-bas. On mangeait bien. Le patron nous donnait aussi de la viande, mais quand il tuait le cochon, il fumait la viande, pas comme chez nous.

On m’a demandé si je savais faire de la pâtisserie et moi avant j’avais été boulanger et je savais faire pas mal de choses. Alors j’ai été engagé dans un hôtel. On était 75 membres du personnel dont 3 pâtissiers, 11 cuisiniers…. Il y avait en bas une salle de café concert, et en haut c’était un casino pour les officiers. Ce n’est pas joli à dire, mais moi j’étais mieux là que si j’étais resté en France !

Quand est arrivé le moment de la Libération, le maître m’a demandé de rester, mais j’ai préféré partir avec les copains. Il m’a donné un litre de vin et nous avons pris le bateau pour rentrer chez nous.

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