A – De Kurutz à l’église
1. Carrefour de Kurutz : lieu de réunion de l’assemblée capitulaire.
2. Maison Hiriart citée dans les archives de la commune en 1249.
3. Maison Erretorraenea initialement presbytère jusqu’en 1867, elle a été ensuite rasée et remplacée par un bâtiment regroupant la mairie, l’école et le logement de l’instituteur ; aujourd’hui maison des associations. En face l’on trouve un terrain de sport (basket).
4. À l’extrémité du chemin de Ithurrichar, une fontaine et un lavoir ?
5. Maison Indisteguy.
B – La Place du Fronton, centre de la vie du Bourg
6. L’église Saint-Jean-Baptiste. De type labourdine, édifiée au XVIIe siècle à la place d’un sanctuaire plus ancien, elle a été restaurée en 1769 et en 1825 (dates sculptées sur le linteau de la porte d’entrée) ; elle est inscrite depuis 1979 à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.
À l’extérieur on remarque le clocher, rebâti au XIXe siècle et un porche néoroman est élevé en façade ; sur la façade Est un cadran solaire.
Dans le petit cimetière parmi les stèles discoïdales de style dit « des rives de l’Adour », on peut voir entre autres les tombes des benoîtes.
À l’intérieur, 2 étages de tribunes en bois sculpté, du XVIIe siècle (un étage a probablement été supprimé au début du XIXe.) Dans le chœur, un retable baroque en bois doré avec tableau d’autel représentant le baptême du Christ.
Sur le mur Sud, à droite du chœur, un tableau peint sur bois représente le supplice de Saint-Jean-l’Evangéliste ; selon la Légende Dorée de Jacques de Voragine, Jean fut condamné par l’empereur Domitien à être plongé dans l’huile bouillante, en public, devant la Porte Latine de Rome mais il en sortit vivant et fut envoyé en exil sur l’île de Patmos. On remarquera l’anachronisme entre l’événement datant du 1er siècle représenté sur le tableau et les costumes d’époque Henri IV portés par les personnages.
7. Maison Mahaurat Etcheverry et maison Mahatia, restaurant La Palantxa depuis 1910 environ (voir plaque circuit audioguide).
8. L’ancien atelier du forgeron Courtiague, lieu de regroupement des hommes au début du siècle dernier ; les altercations entre ses clients et ceux de la Palantxa constituent un élément majeur de l’ambiance des années 1920-1950.
9. Maison Elizaldia : elle a accueilli la municipalité dans les années 1970 ; depuis 2010, elle est le siège de la communauté des communes Nive Adour ; derrière cette maison, on pouvait voir le château d’eau qui a été détruit en 1977.
10. Maison Macayarenia (famille Diesse).
11. Maison Serorateguy initialement étude notariale (famille Dagueressar), acquise par la mairie en 1863 et devenue presbytère en 1866.
12. La Maison Micolteguy fut un temps une épicerie tenue par Mme Darmendrail (belle-mère du maire M. Biella).
13. La maison de Mme Daymon longtemps épicerie sous l’enseigne « Guyenne et Gascogne ».
C – De l’église au Château d’Aguerria
L’histoire de cette partie du Bourg est bien connue notamment grâce au témoignage de Jean COURTADE.
14. La PHARMACIE s’est installée à Mouguerre Bourg en 1972.
15. Maison Martinto : maison de notable : famille Dithurbide-Larre puis propriété d’un notaire, M. LIANT.
16. À l’emplacement du Centre Commercial, il y avait une ferme appelée « Etchehandia » et exploitée par les parents de M. LAMURE (propriétaire actuel de Mendi Alde).
17. La maison entourée de grille, appelée « Pittina », accueillait au rez-de-chaussée l’ancienne poste et à l’étage l’école (1).
18. Maison Apechaenia, maison natale de Jean COURTADE ; elle possédait une vigne de plans bordelais et produisait un vin qui titrait jusqu’à 12°5.
19. La Maison Mendi Alde est relativement récente ; on trouvait auparavant sur cet emplacement deux grandes maisons qui ont été démolies :
- « Herementiania » (démolie vers 1930) où habitait M. Pierre MOUREOU, homme de confiance de M. GARCIA de ISLA propriétaire du château d’Aguerria.
- « Carricaburua » (démolie en 1952) où logeaient Léon Bernez-Vignolles, cocher de M. GARCIA de ISLA, et sa famille.
20. La Mairie, ancien château d’Aguerria (voir « Anecdotes de Jean Courtade »). Ancienne résidence de la famille d’Aguerre, nobles navarrais établis ici et possesseurs de la dîme de Mouguerre ; par mariage au xviiie siècle, elle revient à la famille Darreguy de Saint-Criq-du-Gave. En 1895, elle abrite l’orphelinat agricole Saint-Isidore dirigé par les moines de Belloc. Successivement colonie de vacances puis centre aéré, elle est depuis 2008 le siège de la mairie.
D – De la Croix de Mouguerre à Hegui Eder
La Croix de Mouguerre offre une vue panoramique exceptionnelle sur la ville de Bayonne, les vallées de la Nive et de l’Adour, le littoral des Landes et la côte basque, et surtout sur la chaîne des Pyrénées ; elle est située à 112 m d’altitude.
Sur ce site, on trouve :
– une croix de pierre qui a remplacé une antique croix de bois. Cette croix de bois, mentionnée sur certaines cartes dès le XVIIIe siècle, marquait un lieu de pèlerinage (rogations) ou peut-être, autrefois, de sabbat (Akelarre) ;
– une table d’orientation en marbre, réalisée en 1987 par un artiste local, M. Clément BOUSQUET. Elle remplace la première table d’orientation mise en place par le Touring Club de France en 1934 mais vandalisée en 1986 ;
– un monument élevé à la mémoire des combattants français morts dans les combats des Pyrénées de 1813 et 1814.
C’est en 1913 que l’Association du Souvenir Français eut l’idée de cette construction financée par une souscription publique et par une subvention votée par 26 communes de la grande périphérie bayonnaise. Le monument a été érigé en 1917 mais, les vicissitudes de la Grande Guerre aidant, ne fut terminé qu’en 1930. Fortement endommagé par la foudre le 3 février 1936, il a été reconstruit dans son aspect initial et inauguré officiellement le 2 juin de la même année.
Le chemin d’Eyherabidia (chemin du moulin) situé à gauche de la départementale aboutit à l’Étang d’Escouteplouye où se trouvait le moulin de M. Doyenard. Ce chemin joua un rôle important lors de la bataille de 1813.
E – Le Chemin de Cigaro, de l’église à Larretchea
Quartier Constantin, de construction récente, sur lequel on trouvait jusqu’aux années 2000 un poste de chasse aux alouettes. Un chemin communal permet de rejoindre le chemin d’Houaldeberre et de là le quartier Ibarrartia.
La maison Celafet, ancienne tannerie dont la présence attestait la qualité des eaux.
Le chemin de Larretchea, ancien chemin de Bayonne, qui rejoint D’Ibusty par l’ancien passage à niveau où habitait la famille Beloscar. Riche en souvenirs du passé, il était emprunté entre autres par les fidèles qui se rendaient jusqu’à la croix de bois de Larretchea.
Le GR8 emprunte le chemin de Larretchea sur une courte distance pour bifurquer rapidement sur la gauche et rejoindre le moulin d’Ariague aujourd’hui en ruines.
La ferme Souhigaray, au carrefour de Cigaro.
Le quartier Irauldenia avec la maison Herastoy qui a été habité par une laitière surnommée la vierge.
F – Les autres quartiers associés au Bourg
Le manoir Lekueder, petit château avec chapelle attenante, cité en 1671, appartient à Salvat Saint-Germain (notaire et maire de Mouguerre de 1866 à 1895) puis à la famille Gombaud de Séréville.
Le secteur Kurutz Pagadoy
Ce secteur, essentiellement agricole, a été emprunté par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle qui, après être passé par l’abbaye des Prémontrés de Lahonce rejoignaient la chapelle Saint-Sauveur à Jatxou en longeant la forêt communale de Condestegui, puis passant par le chemin de Mendibil et la maison Ospitalenea d’Elizaberry.
De nombreux Mouguertars se souviennent des soirées animées passées, il y a seulement quelques années, au dancing de Gelosia aujourd’hui désaffecté.
L’école Saint-Isidore d’Aguerria (texte de B. LAVIGNE)
« Mme Durand de Saint-Criq avait reçu en héritage le domaine d’Aguerria en 1874 de la famille d’Aguerre. Ses trois filles ne souhaitant pas profiter de Mouguerre ni assumer la gestion du domaine prirent la décision de rencontrer les moines d’Urt avec la proposition de leur céder le château et dépendances avec certaines terres afin d’y établir une œuvre. »
Voici ce que nous livre Frère Layral de la congrégation des frères maristes, derniers propriétaires du château d’Aguerria. Les moines d’Urt dont il est question, ce sont les Pères bénédictins du monastère de Belloc. C’est donc eux qui prirent la décision de fonder une école où seraient recueillis orphelins et enfants en situation de précarité, pour y être éduqués et formés à l’agriculture. C’est le Père Paul, de son nom Jean-Baptiste Etcheverry qui fut chargé de cette opération.
Fort logiquement le Père Paul comprit qu’il lui fallait trois structures pour monter son projet :
– un hébergement pour les enfants avec restauration et chapelle car la pratique religieuse ne pouvait être absente de l’éducation ;
– un vaste domaine rural pour l’enseignement et la fourniture alimentaire de la communauté ;
– un hébergement pour le personnel d’encadrement, séparé des élèves.
Pour le premier point, le château avec quelques modifications conviendrait parfaitement.
La superficie du domaine livré avec l’édifice était insuffisante ; il convenait de l’agrandir. Divers achats de terres avoisinantes furent engagés avec des propriétaires bien disposés à aider le projet.
Le 16 mai 1902, le père Jean-Baptiste Etcheverry déclarait à la mairie de la commune la construction d’une maison appelée Mont Carmel. Cette appellation est certainement inspirée par la mission tenue en Palestine par l’Ordre bénédictin. Voici donc l’habitat du personnel d’encadrement, Père bénédictin, sœurs bénédictines du même lieu d’Urt en charge des restauration-lingerie.
L’école Saint-Isidore avait à peine accueilli ses premiers élèves qu’un coup de tonnerre ébranle l’entreprise ; la loi dite Combes de 1903 dissout les congrégations et saisit tous leurs biens. Les moines de Belloc et d’Aguerria sont contraints à l’exil, les élèves probablement dispersés. Que va devenir le beau projet d’assistanat à une enfance en détresse ? Suit une période d’incertitude ; le château est la propriété de l’État qui n’en a aucun usage et au bout de quelques années décide de le mettre en vente.
C’est alors qu’apparaît un homme providentiel, M. Garcia de Isla. D’origine mexicaine, il a été de longues années consul du Mexique à Bayonne où il vit sa retraite. Il a connaissance de la spoliation des biens de l’église et en bon chrétien est révulsé par le comportement antireligieux du gouvernement.
M. Garcia de Isla est donc présent en 1907 à la vente par adjudication du domaine et enlève le lot. Il veut que la noble mission des pères bénédictins reprenne vie. Hélas les moines bénédictins réfugiés en Espagne ne tiennent pas à rentrer en France en cette période d’incertitude quant à la poursuite de leur vie monastique.
L’entrée en guerre de la France en 1914 va repousser au second plan tout projet de reprise. Il faudra attendre encore quelques années après l’Armistice pour revoir quelques initiatives en ce domaine. Mais le bon M. Garcia de Isla n’est plus ; en 1923 il s’est éteint en sa résidence de Bayonne. C’est sa sœur Carmen, héritière, qui prend les choses en main.
Devant la carence des Pères bénédictins, elle sollicite les frères maristes implantés près de Pau, leur propose la reprise du projet. Celui-ci commence par le rachat du domaine bien agrandi par son frère.
En 1924 les frères maristes sont propriétaires d’Aguerria. L’école rouvre ses portes et commence la vie que les anciens ont bien connue ; travaux d’agriculture et d’élevage sur les cent hectares de la propriété. Des ouvriers plus ou moins handicapés que les frères gardaient par charité logent dans les dépendances et participent aux travaux, ainsi que le métayer de la maison Apechaenea, Léon Courtade. Un autre métayer est installé dans la maison Hiribarnea et exploite une partie du domaine, c’est Léon Amiano. Les pensionnaires participent à la mesure de leurs forces et disponibilité. Des dépendances existantes ou nouvelles sont utilisées : atelier de menuiserie, hangar à fourrage, four à pain. La commune n’étant pas alimentée en eau potable, les frères installent au-dessus de la fontaine du bourg une citerne. Un bélier remonte l’eau de source, emplit la citerne qui par gravité dessert l’internat.
Les enfants partagent leur journée entre scolarité et travaux des champs, soins au bétail, cours de catéchisme. Pour la scolarité ordinaire, l’Administration impose qu’elle soit dispensée par l’école publique du lieu. Les enfants de Mouguerre côtoient donc ceux d’Aguerria. Joseph Lavigne se rappelle des élèves de l’internat des années 1940, les frères Minard Georges et Julien, Graciet Georges, Pouilles Jacques, Duluc René, ses condisciples de l’école laïque du bourg.
Après la deuxième Guerre Mondiale, l’État français se trouve en mesure de s’ occuper des orphelins et enfants en détresse. L’Enseignement public ouvre des cours d’agriculture. La noble mission des frères maristes ne s’impose plus. Désormais Aguerria accueillera des jeunes qui se destinent à la vie de frère mariste. Des cours leurs sont dispensés par les frères épaulés par un aumônier. En 1957 ce juvénat sera transféré et le château demeurera vacant. Il ne reprend vie que l’été où des colonies de vacances et centres aérés prennent possession des lieux. Mme Félicie Larre, cuisinière accomplie et totalement dévouée, s’occupe de nourrir cette jeunesse qui s’ébat sur le plateau boisé du château.
L’enseignement de l’agriculture ayant cessé avec la dissolution de l’internat, le domaine devient bien trop vaste. Suit une période de location puis vente au terme de laquelle ne sont conservés que le château, les terres environnantes et la métairie de Hiribarnea.
En 1999 la société gérant les biens des frères maristes décide de se séparer d’Aguerria. La mairie, à l’étroit dans sa maison d’Elizaldia décide de se porter acquéreur. Ce sera chose faite en 2002 et la mairie est transférée au château.
Quels sont les restes de l’époque Saint-Isidore ? La maison Mont-Carmel est toujours debout et attend une restauration. Dans la mémoire des anciens, le souvenir de la belle chapelle dans ce qui est aujourd’hui la salle des mariages et du conseil municipal, le fronton et le souvenir d’un petit musée rassemblant les souvenirs ramenés des diverses missions assurées par les Frères Maristes.
N.B. : Remerciement à Frère Layral et à son mémoire sur l’école Saint-Isidore.
Extrait du Guide Patrimonial, édité par l’association Mouguerre Patrimoine et Culture