Les joyeuses fêtes de Pâques : le cerf-volant

Il n’y avait pas de messe le samedi matin, les cloches étaient «parties à Rome». Tonton Louis s’occupait de tuer l’agneau et le mouton qui devaient servir de base aux repas du dimanche et lundi de Pâques. Les femmes s’occupaient de les préparer. C’était le moment pour Hubert de préparer son cerf-volant. Il le fabriquait lui-même, j’aurais voulu l’aider, mais c’était inutile d’insister, j’avais le droit de le regarder faire, c’est tout, et encore, c’était une faveur, personne d’autre n’y avait droit.

Il fendait les roseaux, les assemblait avec de la ficelle, leur donnait des formes différentes selon son imagination : un trapèze, un losange, une traverse consolidait l’armature. Quelques fois, il faisait une étoile ou un coeur, c’était plus difficile à exécuter. Puis, quand l’assemblage était fait, il recouvrait les roseaux d’un papier léger, spécial (là encore, la couleur était différente selon la forme choisie : bleu, vert, jaune, rose…), qu’il collait avec de la colle qu’il faisait lui-même avec de la farine et de l’eau. Ensuite, il fallait équilibrer les attaches pour réussir l’envol. Pour cela, il avait besoin de moi car c’était un travail très précis exécuté au millimètre près. Puis on lui ajoutait la queue : une longue ficelle sur laquelle on attachait des morceaux de tissu de différentes couleurs. Elle aussi devait être réglée avec précision. Puis, sur un bout de roseau il enroulait savamment une pelote de ficelle solide afin qu’en s’envolant le cerf-volant la fasse se dérouler à toute vitesse, sans problème et puisse s’envoler dans le vent et monter toujours plus haut. L’oeuvre achevée, le cerf-volant était posté religieusement dans une chambre, à l’abri, pour la laisser sécher jusqu’au lendemain.

Dans l’après-midi, j’allais porter chez nos amis arabes et juifs les mounas enveloppées d’un beau papier blanc que Mémé avait réservées pour eux. C’était un rituel immuable, un échange d’amitié entre nos diverses communautés, nos diverses fêtes religieuses car les arabes nous apportaient leurs gâteaux au miel pour «l’Aïd-El-Kébir» et les israélites nous offraient leurs délicieuses pâtisseries aux amandes pour le «Yom-Kippour»

 

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