Les veillées et les sorties du dimanche
Le dimanche était une journée particulière. À l’issue de la messe, la famille se regroupait pour un repas en commun ; dans l’après-midi on prenait la direction des terrains de rugby pour encourager l’USM ou l’Aviron.
Pour la famille LAFFARGUE comme pour d’autres, les enfants attendaient avec impatience la sortie annuelle qui les conduirait à la plage de Biarritz. Ce dimanche-là, vêtus de leurs « habits du dimanche », béret vissé sur la tête, les enfants resplendissaient de fierté dans le tramway Bayonne-Anglet-Biarritz que la famille empruntait pour se rendre au bord de l’océan. Journée de bonheur partagé, malheureusement de courte durée car le soir il fallait s’occuper des animaux à la ferme.
Les mariages
Le mariage est un événement qui se prépare très tôt. Il s’agit avant tout d’une affaire familiale qui va se préparer en plusieurs étapes réparties sur plusieurs années : La confection du trousseau de la future mariée a une part importante dans la vie de la jeune fille, puis de la femme, dans le monde rural. Il est l’œuvre de plusieurs années de travail. Ensuite il sert peu. La jeune épouse utilise le linge de la maison où elle arrive. Elle ne sortira le sien qu’à la mort de sa belle-mère ou dans de grandes circonstances.
C’est le signe qu’elle n’est pas chez elle mais sous l’autorité de la mère de son mari. Les jeunes files commençaient leur trousseau en sortant de l’école, à 13 ou 14 ans. La mère ou la grand-mère achetait les pièces de drap à des marchands ambulants ou à des représentants de maisons connues. L’hiver, lorsque le travail de la ferme était plus calme, toutes les jeunes filles allaient soit dans des ouvroirs, soit chez des petites brodeuses du village pour broder les draps ou services de table, serviettes de toilette.
En plus des draps, le trousseau comprenait :
– les taies d’oreillers (avec des lies fines derrière, à la place des boutons) ;
– le service de table brodé (en coton pas uni, assez gros avec de larges bandes de couleur aux extrémités ;
– deux genres de serviettes de toilette (éponge et nids d’abeille) ;
– les torchons accompagnés de grands tabliers blancs destinés aux cuisinières lors des fêtes familiales ;
– le linge de corps (chemises de jour en percale, manteaux de nuit très courts, quelques culottes à jambes fendues au milieu).
Les fiançailles ne faisaient pas l’objet d’une fête particulière. Les jeunes gens se choisissaient eux-mêmes. Jusqu’à présent les deux sexes étaient nettement séparés à l’église, sur la place du village, dans les repas de fêtes, dans les divertissements (les hommes dansent seuls les danses authentiques).
On ne voyait pas de groupes de jeunes gens et de jeunes files mêlés ou se rendant ensemble à un bal ou au cinéma. Le jeune homme allait faire sa cour à la jeune file le samedi soir (on disait qu’il allait faire « emaztegaika »).
La cérémonie de mariage
Au début du siècle, « se marier en blanc » était un honneur réservé aux « jeunes files sages », qui n’avaient pas « fait Pâques avant Carême ». Les robes étaient faites par les couturières du village, du quartier, voire de la famille ; le futur époux ne devait la découvrir qu’au moment de la cérémonie. La robe blanche était le plus souvent en tissu de satin ou en crêpe Georgette avec manches longues et encolure près du cou. Elle descendait jusqu’aux pieds mais fut rapidement raccourcie à mi-mollets. Le matin du mariage, la couturière chargée de la confection de la robe consacrait la journée à habiller la future mariée, l’accompagner à l’église, soucieuse d’arranger le voile. Elle était naturellement invitée à tout le mariage. La mariée, enfin parée, debout devant le lit nuptial, attendait l’arrivée de ses invités et des contre-épouses dont elle avait choisi les cavaliers avec soin en vue d’éventuelles futures unions.
Après la cérémonie, la robe de mariée est soigneusement pliée, et rangée dans l’armoire avec le trousseau ; elle ne se prête pas. Le costume du marié est noir. On disait qu’il allait commencer une nouvelle vie avec une famille à nourrir et que le plus dur était pour lui. Ce costume était fait sur mesure par le tailleur du village ; il se porte avec une chemise blanche et un petit nœud blanc ; il est destiné à servir toute la vie sauf si, en vieillissant, le marié prend de l’embonpoint ; aussi il sera entretenu avec soin, brossé, mis au soleil et suspendu. Il sera porté lors de toutes les grandes occasions : mariages, communions, enterrements de voisins ou parents, fêtes de la commune.
Le grand principe de nos aïeuls était d’être toujours digne dans toutes les circonstances de la vie et de « faire envie plutôt que pitié ». La photo du couple en mariés, bien encadrée, est mise dans la chambre nuptiale.
L’installation de la jeune mariée
Il est une pièce où la jeune mariée est bien chez elle, c’est la chambre à coucher dont tout le mobilier lui appartient. Les meubles ont été payés à moitié par les deux familles ; ils ont été amenés en charrette 8 jours avant la cérémonie. La dernière semaine est consacrée à l’installation du trousseau dans l’armoire, de la table de toilette avec cuvette, pot d’eau porte-savon, grand broc et seau dessous, puis à pendre le crucifix au-dessus du lit recouvert d’une belle couverture en crochet de coton blanc.
Parfois, la chambre une fois installée et terminée, le curé venait la bénir et passait ensuite un moment en famille autour d’un café.
Extrait du témoignage de Mme Noëlle Hondarrague
« Comme l’usage le prescrivait l’aîné des cousins du côté de mon époux et l’aînée des cousines de mon côté étaient invités pour représenter toute la parentèle absente. Pour la messe, la chorale était composée des « files de Marie » c’est-à-dire des jeunes files célibataires qui chantaient lors des messes. Ce jour-là, elles portaient le voile qu’elles avaient mis pour leur communion. Le repas fut un moment formidable entrecoupé de nombreuses chansons, de monologues et de bonnes histoires. Le paiement des musiciens et de l’apéritif était à la charge des hommes célibataires invités ; c’était leur cadeau de mariage. Les cadeaux offerts étaient avant tout des objets utiles comme le pichet et la cuvette, le cadre de la vierge Marie pour la chambre des époux, le lustre pour le plafond. »
Anecdote de Mme Solange RAGONNET
« Je me suis mariée le 11 juillet 1953. Invoquant le fait que je soutenais les Maîtres de l’école publique de Mouguerre-Bourg durant les années 50, le curé refusa de célébrer la cérémonie de mes noces dans l’église du Bourg. Mon père, Léon LANGOT, joua de ses relations auprès des propriétaires du château d’Aguerria et obtint que le mariage se déroula dans la chapelle attenante au château.
Le repas fut célébré au restaurant de DARRICAU ; la préparation et le service furent assurés par des familles amies que l’on peut voir sur la photo ci-dessous.
ª De gauche à droite :
1- Mme Etchelecu
2- Marie-Claire Daymon
3-
4-
5-
6- Marthe Dayemon
7- Darricau
8- Georges Darricau
9- Joséphine Daymon
10- (assise) Amanda Saumon
Naissances et Baptêmes
Il y avait, comme dans tous les villages voisins, une femme spécialisée dans les accouchements. Le baptême avait lieu le plus vite possible. Pour l’aîné de la famille, l’usage voulait qu’on lui donne pour parrain le grand-père paternel et pour marraine la grand-mère maternelle. Pour les cadets, on choisissait les deux autres grands-parents et pour les suivants les oncles et les tantes. Jamais ou très exceptionnellement des étrangers à la famille.
Les enfants reçoivent très souvent le prénom de leur parrain ou marraine, ce qui fait que, dans une même famille, plusieurs frères ou sœurs peuvent avoir le même prénom ; mais comme pour un même prénom il y a plusieurs diminutifs en langue basque (pour Jean : Joanes, Johane, Manech, Kayet, Manez… ; pour Gracieuse ou Gracianne : Grazi, Graxi, Graziana, Geaxine…), ils sont facilement identifiables.
Une superstition voulait que l’on ne nettoie pas le crâne de l’enfant durant toute la première année (parce que l’eau baptismale a coulé dessus ou plutôt de peur de toucher la fontanelle ce qui est un péché et attire le mauvais sort sur l’enfant). La première sortie de la nouvelle accouchée était réservée à l’église pour les relevailles.
Les décès
Le basque attend la mort avec résignation et sérénité. Autrefois, dès qu’une personne décédait, on fermait tous les volets de la maison puis un membre de la famille allait prévenir les abeilles ; si on ne le faisait pas on prétend qu’elles s’en allaient. Le premier voisin et sa famille viennent aider à la toilette du mort et à l’installation de la chambre mortuaire.
On verse 3 gouttes de cire sur le corps pour, dit-on, retarder la décomposition et on lui met un chapelet entre les mains. On voile les miroirs. On garnit le lit et le mobilier de la chambre de beaux draps ou de belles nappes à rayures bleues. Sur la chaise au pied du lit, est posé un linge spécial à raies bleues destiné à recevoir le crucifix. La veille de l’enterrement le 1 er voisin va chercher la croix à l’église pour l’apporter chez le défunt ; le glas sonne durant tout son trajet jusqu’à son retour à la maison. Parmi les sonneurs de cloches attitrés figurent Joanes Darmendrail (de Micolteguy) et son fis Batista, ainsi que Mme Bergez.
Extrait du Guide Patrimonial, édité par l’association Mouguerre Patrimoine et Culture