La légende familiale dit que le nom « Sansebastian » viendrait d’un ancêtre qui aurait été trouvé dans une poubelle à Saint Sébastien. Plus probablement, on pense que cet ancêtre devait être orphelin et venir de cette ville.
Mon arrière-grand-père s’appelait Jean Sansebastian, mais tout le monde l’appelait Ganich Alzate. Il était né en 1879, pauvre et peu instruit. Grâce à son intelligence, son courage et son esprit d’entreprise, il finira à la tête d’une des plus grosses entreprises de la commune (80 salariés). Ses activités allaient de la ferme, à l’extraction de pierre à Biriatou (avec ses trois paires de bœufs, il confectionne et pose les blocs de pierre sur les digues de Socoa, Artha et Ste Barbe), en passant par la construction de maisons et de bateaux.
Ganich met à l’eau un bateau de pêche à Socoa (www.socoa.com)
Sur cette photo, prise dans les années 30, il est à gauche et dirige la mise à l’eau d’un bateau de pêche. A droite, devant le bateau, sa belle-famille : c’était des bretons et d’ailleurs, sur la photo originale, on voit qu’une des femmes porte une coiffe bretonne.
A l’époque où la digue de Bayonne n’avait pas encore été construite, en cas de tempête, les cargos se réfugiaient dans la rade de St Jean-de-Luz. Fin 1933, c’est ce qui arriva au cargo anglais « Clodoald ». Malheureusement il rompit ses amarres et s’échoua sur la grande plage de St Jean-de-Luz. La ville était déjà une station balnéaire, il fallait donc dégager la Grande plage avant la saison touristique. Comme les autorités civiles et militaires n’arrivaient pas à sortir le cargo, on fit appel à Ganich et à ses bœufs. Observant la situation, Ganich fit creuser le sable d’un côté du navire et en utilisant les marées, des poulies, des cabestans et la force de ses bœufs il réussit à dégager le « Clodoald ».
Or, en droit maritime, si on sauve un bateau abandonné par son équipage, ce bateau revient de droit à son sauveteur. C’est ce qui se passa et mon arrière-grand-père se trouva donc propriétaire du navire et de sa cargaison (des boissons et des conserves). C’est ainsi que pendant des années, il distribua ou vendit la cargaison, les pièces, le moteur et la coque du « Clodoald ». Dans la famille, nous avons conservé deux hublots ainsi que le compas.
Le compas du Clodoald
Jean-Daniel SANSEBASTIAN