Les 24 minutes cyclistes de Nousty

La 1ère course des pépés ou le critérium des vieilles branches-21 août 1972

 Un défi à deux …

 La fête locale de Nousty avait toujours lieu le dernier dimanche d’août, pour la saint Julien, patron de la paroisse.

Nous sommes en 1972, dans un de ces hauts lieux de la vie sociale locale que furent les bistrots de campagne, …jusqu’à une certaine époque. Les discussions y allaient bon train, surtout à l’heure de l’apéritif, lequel se répartissait généralement tout au long de la journée.

La scène se passe au café des Sports, environ une dizaine de jours avant la fête locale. La discussion est animée entre pépé Jean C. et pépé Jacques G.  Du style : «Dimanche prochain, tu vas tellement faire la bombe que lundi tu serais  incapable de tenir sur un vélo ! » (Il faut dire que, dans ces années, la fête locale durait jusqu’au lundi.)

La réplique était du même tonneau : « C’est plutôt toi qui sera en mauvais état ! » ; peu importe qui avait commencé la discussion !

Vient le défi : « Eh bien, lundi après la fête, on fera le tour du village en vélo et on verra lequel sera le plus frais ! ».

(Il n’y a qu’une route à Nousty et elle fait le tour du village, un boulevard périphérique en quelque sorte. C’est le circuit traditionnel des courses cyclistes qui se déroulèrent à une certaine époque dans notre village.)

Et le pari : « Je parie tout ce que tu  veux que je te bats. » Dialogue à double entrée.

On sait ce qu’il advient de telles formules distillées dans les vapeurs d’alcool. Elles sombrent souvent dans l’oubli, le déni ou terminent dans le trouble de leur absurdité.

Il faut croire que celles-là avaient une autre consistance. Parce que, se tournant vers moi, (eh, oui, j’étais là !), l’un d’eux me dit : « Et si on faisait une course avec des pépés de notre âge ? Si on en invitait d’autres à se joindre à nous ? », me délégant ainsi le rôle de chargé de communication, puisque j’étais correspondant de presse. On dit bien que la folie est communicative ; je crains que cette idée pour le moins farfelue ait trouvé, en ce moment,  un terrain d’éclosion favorable.

 … et sa réaction en chaîne

 Pourtant, il pouvait paraître prématuré de s’engager et de lancer sur la voie publique ce petit vent de délire sans savoir s’il trouverait un écho favorable Il n’était que de s’y risquer Je me fends donc d’un article de presse à haute teneur humoristique, comme cela, en cas d’échec, la chute sera moins dure.

Cela s’appellera : « Les 24 minutes cyclistes du Tour du Bourgdala de Nousty », en référence (lointaine) aux 24 heures cyclistes de Pomps qui ont leur réputation bien établie, et sera réservé aux plus de 55 ans.

Le résultat défie toute espérance : ils seront 25, de 57 à 78 ans, à s’inscrire auprès du secrétaire de mairie, l’ami pépé Jacques, désormais grand ordonnateur de cette compétition.

Et ce n’est pas tout ; le plus beau dans cette histoire c’est que tous ces pépés, vont prendre l’affaire très à cœur, comme si c’était à chacun d’eux que le défi avait été lancé. Pourtant il y aurait de quoi en rebuter plus d’un : le circuit autour du village fait plus de 4 kilomètres et comporte de nombreuses portions montantes, donc également descendantes. Ce qui pour des anciens peut habitués à ce genre d’exercice sportif eut pu, rétrospectivement, présenter quelque risque. Parce que, à part aller chercher le journal au bistrot ou bien conduire les vaches au champ, la pratique cycliste n’était pas des plus soutenues.

Il fallut d’abord trouver des vélos adaptés à une telle compétition ; le parc cycliste alors en activité comptait des défaillances techniques dont on pouvait s’accommoder en terrain plat et à des vitesses raisonnables. Mais la poursuite promettait d’être rude vu l’engouement dont chacun faisait étalage. On fit alors appel aux techniciens familiaux, plus jeunes et plus aguerris dans cette discipline pour redonner un semblant de prestance à des ustensiles roulants.

Et les entraînements vont commencer, de préférence à la tombée de la nuit pour échapper aux yeux d’abord curieux des spectateurs étonnés sur le bord du circuit, puis amusés et aussi soupçonneux des autres compétiteurs. Ce qui donnait lieu à des dialogues savoureux, en patois béarnais bien souvent, du style : « Je t’ai vu passer hier soir en vélo. Tu t’entraînais ? » Véhémentes dénégations de l’intéressé non prises en compte, d’autant que l’interrogateur était dans la même situation.

Apparurent aussi des méthodes d’entraînement assez curieuses ; en particulier, celle-ci : Jean L. était amateur de courses hippiques. Et dans ce contexte précis on entraine d’abord la monture. Alors pour ce faire, il avait attaché le vélo de course de son fils aux poutres de la grange et, consciencieusement, tous les jours, il faisait tourner le pédalier pendant un certain temps.

Voilà, le décor est planté ; la folie s’est emparée du village, et bien au-delà, parce que les discussions au bistrot font rayonner la nouvelle au travers des gloires locales dont  la réputation et la faconde sont garantes d’une bonne partie de rigolade. Un dentiste palois, habitant le village, va jusqu’à retarder l’ouverture de son cabinet à son retour de vacances pour ne pas rater cette journée.

Beaucoup de choses échappent à notre contrôle, mais ce n’est pas plus mal, parce que ça veut dire que tous les protagonistes ont pris cela à leur compte. Mais quelle sera la suite ?

 

Les concurrents. 

Qu’il nous soit permis de nommer tous les participants à cette course. Ils ont eu une heure de gloire éphémère – mieux ils ont contribué à la faire vivre et à se l’attribuer. Par delà leur exercice sportif, ils ont lancé des antennes qui vont faire connaître notre village au-delà de toute communication possible et raisonnable à ce moment-là.

 Jean C., 71 ans et  Jacques G., 64 ans, les 2 pépés fondateurs de cette course.

Edouard C., 60 ans, le maquignon du village et son frère, Anselme C., 63 ans, dit Témotte, qui ne put, même sur la ligne de départ, se séparer de sa cigarette. Ce dernier habitant dans l’épicerie-café du village contribua certainement, avec l’esprit de fin béarnais qu’on lui reconnaissait, à alimenter les polémiques d’avant compétition et relancer ainsi, si besoin fut, l’engouement pour cette compétition. Ils entraînèrent aussi leur palois de frère, Jean C., 57 ans.

Jean F., 64 ans, agriculteur célibataire, et pour la première fois de sa vie affublé d’un short ; lui qui même lors des travaux de fenaison travaillait toujours en pantalon. Il déclara également bien vouloir participer à une course cycliste mais « sans avoir les pieds attachés sur les pédales »

Victor P-P., 61 ans, petit gabarit sportif mais capable d’un exploit comme il le prouvera l’année suivante.

Marcel V., 64 ans, ancien maire du village qui n’imaginait pas un seul instant laisser ses anciens administrés s’amuser sans lui.

Georges L., 59 ans, ancien facteur, donc redoutable concurrent, puisqu’il faisait ses tournées dans le village, à vélo. Egalement propriétaire de l’autre épicerie-café du village et à ce titre bien au courant des faits et gestes des divers candidats dévoilés lors de conversations apéritives.

Gabriel D., 66 ans, paisible retraité qui s’arracha à son passe-temps de menuiserie pour endosser une tenue plus sportive : short et casquette avec lunettes, comme à la belle époque.

Maurice S., 58 ans, agriculteur ; préoccupé  par un vêlage difficile à l’heure du départ, il dut faire appel à un voisin pour l’aider dans cette tâche délicate qu’il ne pouvait mener à bien seul. Sitôt le petit veau revenu à la vie, il l’abandonna à  sa vache de mère et enfourcha son vélo.

Roger B., 61 ans, venu du lointain Sarcen (quartier du village de l’autre côté de la route nationale) il était difficile d’anticiper sur la qualité son entraînement cycliste.

Louis B., 60 ans, dit Lilou, cantonnier municipal ; plus qu’un planning d’entraînement, c’est une véritable stratégie de course qu’il avait mise au point ; avec des arrêts buffets désaltérants auprès de quelques points névralgiques du circuit. L’enjeu du spectacle fit qu’il n’en fit rien.

Julien B., 62 ans, dit Cescaù ou Motopompe, venu de Soumoulou, il ne voulut pour rien au monde rater cette sortie.

Jean  F., 78 ans, « Yan dé F. », le charron du village, qui jamais de sa vie n’avait revêtu un survêtement, ce qu’il fit pourtant ce jour-là.

Jean L., 59 ans, l’amateur hippique et son entraînement adapté – du moins pour son cycle.

Joseph P., 66 ans, amateur de vergers et jardins, du Bourgdala,  et Emile S., 65 ans, venus du Quartier Sarcen, des concurrents sur la forme desquels il était difficile d’extrapoler.

Raoul L., 60 ans, garagiste, abandonna pour un après-midi ses bolides pour un passe-temps plus discret.

Pierre C., 69 ans, dit Lou Pay, un personnage de la vie locale, une caution sérieuse pour une telle folie pour laquelle sa participation fit plus qu’une campagne de publicité, avant, pendant et après.

Ferdinand S., 70 ans, revêtit pour la première fois de sa vie un maillot de handball, sport que tous ses fils avaient pratiqué.

Amédée L., 68 ans, retraité SNCF, ancien conseiller municipal palois, beau-frère de Jean Fille, n’eut certainement pas beaucoup à se faire prier pour participer, d’autant plus qu’il avait conservé un gabarit sportif.

Eugène G., 63 ans, dit La Gifle, loin d’être un gabarit sportif, il compensait sa capacité pulmonaire par une prothèse mammaire que l’on devinait aisément sous un tee-shirt rose.

Jean L., 70 ans, paisible retraité agricole qui se laissa emporter par l’euphorie ambiante.

Pierre J., 66 ans. Ce dernier est à l’origine d’une anecdote savoureuse. Il se déplaçait en triporteur, son épouse le dominant perchée sur le siège arrière, avenante aussi peu que visible. Le lundi, à l’heure du départ, il enfourcha son vélo et déclara à son épouse qu’il allait faire un tour. Celle-ci, ravie de le voir se trouver une occupation saine, le libéra. Lorsque le peloton des cyclistes se présenta devant le pas de sa porte, elle applaudissait à tout rompre devant un tel spectacle original. Lorsqu’elle aperçut son mari, la tête baissée sur son guidon, suant et soufflant comme les autres, courbé sous l’effort tout autant que pour se dérober à la vue de sa femme, le ton changea : « Arrête-toi et rentre à la maison ! » lui cria-t’elle. Ce qui n’eut pour effet que de décupler les ardeurs pédalistiques de son mari.

 La mise en place, le jour J. 

Voilà un faible aperçu du contexte pseudo sportif dans lequel va se dérouler cette compétition. Nous venons d’entrer sans nous en rendre compte dans un cycle infernal qui va nous emporter tous dans une aventure dont nous ne mesurons pas encore la portée.

Toutefois, il a fallu gérer quelques contraintes administratives, demander les autorisations d’organiser ce spectacle à la Municipalité. La gendarmerie a également délégué deux représentants compte tenu du fait que le circuit emprunte une partie d’une route départementale. Le député, Pierre Sallenave, est présent pour donner le top du départ avec Monsieur le Maire, Jean Sarthou.

Nous passerons sous silence les garanties d’assurance que nous avons prises, du style : nous verrons après la course s’il y a des problèmes ! D’autant que, compte tenu de l’âge des participants, on nous promettait une crise cardiaque au kilomètre. C’était sans compter sur la résistance de ces papys habitués aux durs travaux des champs, pour la plupart, et pour la majorité comme le disait un spectateur : « C’est du matériel d’avant-guerre ! » (là, il voulait parler des coureurs !). Donc une garantie de qualité et de résistance que la durée venait confirmer. D’autant que, vu le succès populaire, ce sont les mêmes esprits alarmistes qui regretteront qu’il n’y ait eu qu’un seul tour de circuit et non pas un second pour profiter encore davantage de ce qui nous était offert.

Le grand jour est arrivé ; les rues du village sont noires de monde, et ce n’est pas une image. Au fur et à mesure de l’arrivée des concurrents ce sont que des exclamations et des éclats de rire. Il y avait ceux qu’il était difficile de reconnaître sous leur accoutrement et ceux qui, vu leur âge et la situation où ils se trouvaient, provoquaient un sourire amusé et complice.

 Quel dommage que nous n’ayons pas eu à cette époque les moyens de prise de vues et de conservation numérique qui sont les nôtres aujourd’hui ! C’est le regret constant de toute une période de notre histoire qui n’a pu perdurer que dans la mémoire vive de nos concitoyens. Encore que le reproche que je puisse leur faire, c’est de n’avoir pas voulu ou su conserver ces moments et de s’être contentés du brouhaha de l’instant présent comme si chacun des participants était lui-même porteur d’universalité, ou pire d’éternité.

 Je juge les efforts que j’ai faits -et avec moi, quelques autres- pour garder sur de la pellicule les images de cette journée, comme dérisoires. Encore fallait-il viser juste car la capacité des pellicules était limitée, le développement coûteux et le résultat décalé dans le temps. Alors que maintenant … Et puis ce jour-là, il fallait avoir un vrai don d’ubiquité pour ne rien rater. Et malgré cela nous avons du passer à côté de beaucoup de choses. Alors on se contente de ce que nous avons vu et on le complète avec ce qu’on vu les autres.

 Le décorum. 

Après toutes ces considérations un tant soit peu fatalistes, revenons sur les lieux. Comme dans toute compétition qui se respecte, il y eut la présentation des concurrents : ils effectuèrent des boucles dans la salle des sports dont on était en train de réaliser la fermeture en maçonnerie. Nous passerons sur la tenue assez passe-partout d’une partie des sportifs à qui il avait fallu fournir des maillots des équipes de hand pour leur donner une pseudo allure sportive.

Parlons de quelques autres. Jean F., par exemple, en short et casquette fantaisie, sur le maillot un magnifique autocollant publicitaire pour une marque d’aliment bétail.

Louis B., en tee-shirt blanc et pantalon retroussé sur les mollets, casquette sportive ; le vélo est un vélo de femme.

Julien B., en blouse paysanne grise agrémentée de deux pompons rouges, le béret ne résistera pas au vent de la vitesse.

Jean L., chapeau de majorette, maillot bariolé, chaussettes montantes du même motif et une paire de belles bacchantes.

Marcel V., tee-shirt psychédélique, lunettes sur la casquette ; et Maurice Sarthou, avec une magnifique casquette blanche.

Jacques G., le plus proche du standard sportif rehaussé par son élégante moustache.

Anselme C., pantalon rouge, maillot bleu, manches blanches : on ne badine pas avec le décorum lors des compétitions officielles.

Nous avons déjà mentionné les réservoirs auxiliaires que s’était fait poser « La Gifle » pour augmenter sa capacité pulmonaire.

En bons paysans béarnais, beaucoup n’avaient pas oublié un accessoire quotidien: la cigarette ! Même sur le vélo, ils n’avaient pu se résoudre à l’abandonner !

 

La caravane publicitaire.

 J’allais oublier la caravane publicitaire !

Tout d’abord, sécurité oblige : l’ambulance et son équipe médicale.

L’estafette du maçon du village, Henri C., décorée de croix rouge, un toubib en blouse blanche, Vincent D., et deux infirmiers pareillement camouflés, Henri et René L. .

Le véhicule de dépannage : le camion du carrossier, Marcel S., avec sur le toit une poussette d’enfant portant ce panneau : »Poussette interdite ». Humour bien de chez nous !

La voiture balai : en toute bonne logique, il ne pouvait s’agir que du véhicule chargé du nettoyage dans les rues du village, à savoir le tracteur rouge et la remorque de Jean B., qui à l’époque collectait les ordures de la commune, amplement décoré pour la circonstance.

Toutes ces initiatives ont vu le jour sans qu’aucune concertation ou gestion de l’évènement ne se fut mise en place ; et cela est tout à fait remarquable de l’état d’esprit qui a régné tout du long.

 

La course. L’après course et la remise des prix. 

Certes la mise en place de cet évènement a de quoi passionner autant les participants que les spectateurs. Mais il n’en demeure pas moins que l’intérêt principal tourne autour de la course, encore que l’on ne pourra assister à tout le parcours et qu’il faudra se contenter de quelques endroits stratégiques du départ et de l’arrivée, sur la place du village.

Ca y est le départ est donné, un fumigène accroché à la selle de quelques cyclistes, pour donner un peu plus de relief (ou alors pour dire que tous ces cyclistes « pétaient le feu ». Bof !) Sur un véhicule sonorisé, Francis N., commente la course pour les personnes présentes sur le bas-côté de la route. Et il en profite pour relancer le suspense en signalant des attaques venues de l’arrière qui provoquent une réaction immédiate de la tête du peloton. Mais le tracé est là, suffisamment sélectif pour provoquer la cassure qui emmènera un trio vers la victoire finale. Pour eux, les ans ne pèsent pas autant et la graisse superflue n’est pas en excès. Quoiqu’il en soit, ils arriveront tous dans un délai raisonnable et dans un état de forme attesté par le sourire qu’ils affichaient tous. Heureux d’avoir participé à une telle fête et d’avoir ainsi joué un joli tour à tous ceux qui étaient venus voir comment ils allaient s’en sortir.

Il y eut pourtant une alerte médicale : Anselme C. feignit un malaise en franchissant la ligne d’arrivée. Malheureusement ce ne fut pas lui qui eut droit aux soins de la fine équipe médicale, mais Louis B. qui se retrouva allongé sur une civière et eut à subir les soins éclairés de l’équipe du toubib,  dont l’attirail de premier secours relevait davantage de la pharmacopée vétérinaire. De quoi pousser à la guérison immédiate !

Tout le monde se dirigea alors vers la salle des sports, où un podium avait été dressé comme il se doit. Les vainqueurs y furent appelés dans l’ordre : Amédée Loustau, Georges Lafuste, Edouard Castagnet. Ils furent décorés d’une médaille : un ruban tricolore auquel était accroché une boîte de … »La vache qui rit ». Voyez comme nous avions joué dans la finesse. On ne pouvait faire pire !

Pourtant, il faut croire que ce jour-là le « déconographe » était bloqué sur maxi. En pleine cérémonie de remise des récompenses, voilà qu’apparaît une superbe créature, délicieusement maquillée et minijupée, brushing parfait et lunettes noires, certainement pour passer inaperçue. Difficile au milieu de cette foule, et difficile également de ne pas mettre un nom sur cette apparition qui déchaîna à nouveau les exclamations de surprise et d’amusement. Il s’agissait bien entendu de « Miss Nousty » ou plutôt Joël, le fils de Jacques G., qui démontrait, si besoin était, que la plaisanterie est bien une affaire familiale. Sa prestation fut saluée comme il se doit.

Ainsi aurait dû se terminer cette journée, par le vin d’honneur à la mairie. Ce final aurait pu paraître alors bien fade. C’était sans compter sur le vent de folie qui soufflait encore. Les spectateurs éberlués virent soudain arriver sur la table, une petite cage métallique qui renfermait … un adorable porcelet tout rose !!

C’était le cadeau du gendre de Jacques G., pour le vainqueur de cette première édition.

Je l’avais bien dit dès le départ que cette folie était communicative.

Il s’est raconté par la suite que la famille d’Amédée L. ne fut pas trop enchantée d’avoir à recueillir à Nousty ce joyeux pensionnaire, bien esseulé sur une exploitation où il était le seul représentant porcin.

 Et voilà, c’est fini ! Que nenni, parce que les commentaires d’après course ne manquèrent ni de sel ni de passion. Du style, toujours en béarnais : »Je suis arrivé avant toi. Je t’ai dépassé à tel endroit. » Véhémentes dénégations et argumentation équivalente de l’autre côté. Les commissaires de course étant aux abonnés absents et la commission d’enquête siégeant autour de l’apéro quotidien, toutes les réclamations furent ajournées sine die.

Un petit souvenir personnel, pour dire dans quelles conditions nous avons œuvré : j’ai payé de ma poche les épingles à nourrice qui servirent à accrocher les dossards sur les maillots des coureurs.

J’ai également conservé une coupure de journal ramenée par des vacanciers noutysiens en Espagne où le journal local relatait notre course. Ces mêmes touristes en traversant la frontière furent surpris d’entendre les douaniers leur parler de Nousty et de ce qu’il venait de s’y passer.

Autre initiative à souligner : Georges C., dont le talent pictural était bien connu,  nous avait gratifiés d’un magnifique dessin humoristique précieusement conservé.

 Une belle galerie de portraits.

Nous avons cité : Lou Pay, Yan dé Frèchou, Témotte, Lilou, La Gifle, Motopompe, autant de personnages qui ont donné le relief nécessaire à cette épreuve.

Il y eut aussi Jacques G., devenu Jacques Goddet ; également Vincent D., renommé « docteur Dumas »; les frères C. rebaptisés « les frères Pélissier » et enfin le trio gagnant, sous la plume des journalistes sportifs : Eddy Merckx, Felice Gimondi et Raymond Poulidor.

 A tous ceux qui ce jour-là ont écrit une page inoubliable de l’histoire du village, il convenait de rendre cet hommage. Avec une pensée toute spéciale pour les pères spirituels : Jean C. et Jacques G.

Je ne garderais pour ma part que la grande fierté d’avoir été associé à ce délire.

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