L’église St Fructueux

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Situation

L’église se dresse dans le secteur d’« Errobi » (Nive, en basque), l’un des nombreux quartiers d’Itxassou. Tout comme à Hélette ou à Macaye, elle ne se trouve donc pas au centre de la localité, mais sur une dorsale de 57 m de haut. Entourée d’un paysage de rêve, veillée par des maisons remarquables, elle passe pour l’un des chefs-d’œuvre des constructions labourdines du genre, tant elle les résume avec éclat.

Reconnaissable à son clocher à double toit, à son crépi blanc ou à ses pierres apparentes, à cher-tour, elle possède des dimensions respectables : longueur : 31,30 m; largeur : 14,60 m à l’ouest et 15 m à l’est, les murs latéraux n’étant pas parfaitement parallèles. Elle culmine à quelque 30 m. Toutes ces dimensions et celles qui suivent (ou celles qu’il nous pardonnera de ne pouvoir faire figurer dans le cadre restreint de cet article), sont dues sauf erreur à la compétence de M. G. Etcheverry.

Origine
On la date du XVIIe siècle. Ne comporte-t-elle pas en effet deux pierres sculptées portant les dates de 1671 à l’entrée, et de 1682 sur la façade nord ? S’agirait-il du début et de la fin des travaux ? Il faut toujours se méfier des pierres. Dans leur livre Itxassou Promenades, Monique et Francis Rousseau écrivent que « l’ancienne église ressemblait à une borde large et basse ».

Du temps des Romains, on élevait déjà des édicules sur des promontoires. Dans la croyance du temps, on se sentait ainsi plus proche des divinités. Même le Pays basque abonde de chapelles qui sertissent buttes et hauteurs: Notre-Dame d’Arantzazu à Ainhoa, Sainte-Madeleine à Tardets, Saint-Grégoire à Ordiarp…. sans parler de la plus grande : Saint-Antoine à Musculdy, de 30 m de long.

 

Saint Fructueux, patron d’Itxassou
En dehors du récit de leurs derniers jours, nous ne possédons aucun document sur le passé de ces trois martyrs qui restent à jamais indissociables. Tandis qu’il était évêque de Tarragone en Espagne, Fructueux fut arrêté le 16 janvier 259 avec deux de ses jeunes diacres : Augure et Euloge. Ils connurent la prison pendant six jours avant d’être traduits en justice.

C’était l’époque des persécutions de Valérien, empereur de Rome de 253 à 260, qui, à la suite des édits de 257 et 258, sommait les chrétiens de satisfaire à la religion officielle. Il avait ainsi inauguré un processus raffiné d’arrestations et d’exécutions systématiques de leurs élites. En cas de refus, toutes sortes de supplices attendaient ceux qui, au nom de leur foi, ne voulaient pas se soumettre à la loi.

Se trouvaient ainsi en point de mire non seulement les évêques, mais aussi les prêtres et les diacres. Les fonctions de ces derniers, fort diversifiées, se résumaient en un seul mot : servir (diacre en grec signifie serviteur). Elles consistaient à accueillir les étrangers, à visiter les malades, à aider les veuves et les déshérités. Ils devaient enfin assister l’évêque lors des cérémonies liturgiques.

Le septième jour, les trois prisonniers comparurent devant le gouverneur Emilien qui voulut les contraindre à sacrifier aux dieux. Sur leurs refus réitérés, il les condamna à être brûlés vifs. Ils furent martyrisés ensemble le 21 janvier 259, dans l’amphithéâtre de la ville de Tarragone. Les cartouches de l’avant-chœur illustrent les diverses phases de leurs derniers moments.

Exposés aux regards de la foule, ils furent attachés sur un bûcher, avant de faire monter une ultime prière et de mourir consumés par les flammes. Cette fin à la fois tragique et sereine frappa les esprits. Nombre de documents, dont les premiers datent du IVe siècle, attestent du martyre des trois hommes.

Selon les langues, les lieux et les époques, l’évêque est désigné sous divers noms : Fructuosus, Frichoux, Fruchoux, Frutos, Fructuose, Frutteux… et Murtuts en basque.

Par la suite, saint Fructueux devint patron de Tarragone et de Ségovie. Peut-être à cause de la racine de son nom — fructus, en latin, voulant dire « fruit » — l’invoquait-on volontiers pour obtenir des fruits en abondance, particulièrement le jour de sa fête qui coïncidait avec l’anniversaire de sa mort sanglante, le 21 janvier. Le report au mois d’août est relativement récent.

On suppose — car nous ne savons pas exactement pourquoi ce saint a partie liée avec Itxassou —qu’il s’est agi d’un choix judicieux pour cette localité où semblent avoir toujours abondé les fruits, tant en quantité qu’en variétés. Plus réellement, et fait assez rare, soulignons que dans le diocèse de Bayonne saint Fructueux n’est vénéré que dans cette église.

Par contre, son culte se répandit largement en Europe. En témoigne une abondante iconographie. Que ce soit à Barcelone, Manresa, Bierge, Capodimonte… et d’une manière luxuriante à Moissac, dans le cloître de l’église Saint-Pierre où un chapiteau roman présente sur ses quatre faces les principaux épisodes de son supplice.

Enfin, à juste titre, Tarragone perpétue le souvenir de ses martyrs. Dans la Capilla mayor de la cathédrale, le passant remarque sans peine la statue de saint Fructueux, aujourd’hui déplacée, attribuée à un sculpteur italien. A l’origine, elle devait bénir symboliquement le gisant de l’archevêque Juan d’Aragon, mort en 1335.

 

Le porche, la tour et le clocher

 

Artzamendi (826 m), vu d’Itxassou

Le clocher se dresse dans le paysage, avec sa croix sommitale de un mètre, perpendiculaire à l’axe est-ouest. La tour se divise en plusieurs parties, délimitées par trois planchers. D’abord le porche (longueur : 14,32 m ; largeur : 4,25 m; hauteur : 5,67 m). Il est largement ouvert au nord et au sud. A son milieu, le portail d’entrée en pierre ouvragée en arcs de cercle. Légèrement au-dessus, une pierre porte la date de 1671.

Evoquons ici un paragraphe touchant du livre « Itxassou Promenades », de M. et F. Rousseau. « Combien d’enfants furent déposés la nuit sous ce porche, tel en mai 1751, ce bébé à qui la benoîte Sabaloue donna son prénom de Gratianne. La marraine s’adjoignit Dominique Perusquy, chirurgien, qui bat tous les records de parrainage à Itxassou.»

Une porte en bois cloutée, de 1,76 m de large, donne immédiatement accès à l’église, que pourrait encore consolider et condamner intérieurement une barre en bois, comme dans les châteaux-forts du Moyen Age. Elle se glisse horizontalement derrière et s’enfonce dans les deux murs latéraux.

En face, la longue liste des Itsasuar morts au cours des derniers grands conflits. Ils furent 50 à tomber pour la patrie en 1914-1918 et 6 durant la Seconde Guerre mondiale. C’est ce qui explique que la population d’Itxassou soit passée de 1451 habitants en 1911 à 1384 en 1921.

 

Jakintza
Association Jakintza – Itxassou

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