L’école en 1940

Voici quelques histoires d’autrefois.
À l’école les classes avaient au moins 35 élèves, souvent plus. En 1934, entrée à bientôt 6 ans en CP, j’y ai appris comme tous les écoliers à lire et à écrire. J’avais donc 10 ans à l’entrée en CM1. J’aimais beaucoup l’institutrice et avais beaucoup de plaisir à faire les devoirs et à étudier les leçons. A la fin de l’année, j’étais dans le groupe des 4 premières. Passage sans problème en CM2. Mais en CM2, si l’on était jeune, il fallait rester 2 ans dans la même classe. On ne pouvait pas passer le certificat d’étude si l’on n’avait pas 12 ans dans l’année.
Suivre 2 ans le même programme n’est pas très stimulant… mais cela permettait, en principe, d’avoir de meilleurs résultats au certificat d’études, et aussi d’être mieux formées pour celles qui allaient entrer en apprentissage l’année suivante.
Septembre 1939. La France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne qui a envahi la Pologne sans lui déclarer la guerre. La France se croit bien protégée par la ligne Maginot. Les classes ont chacune un correspondant qui donne des nouvelles du front. Il semble qu’il ne se passe pas grand chose… Nous apprenons à tricoter des chaussettes en laine solide pour les soldats au front qui souffrent du froid…
Au printemps, la Hollande et la Belgique qui ne sont pas belligérants sont envahis à leur tour sans pouvoir opposer de résistance.
La radio annonce bientôt que les troupes allemandes sont proches de Paris, les réfugiés du Nord descendent vers le Sud.
Orthez est envahi par une population qui ne sait où loger. Le Maire réquisitionne les écoles et, avec les conseillers municipaux et les gens de bonne volonté, organise pour les familles en grande difficulté une distribution de repas dans la salle Francis Planté.
C’est le mois de mai 1940. Les classes ne sont plus disponibles.
Madame L., la maîtresse de la classe du certificat d’étude installe une grande table dans sa salle à manger et invite toutes les élèves qui sont presque prêtes à venir tous les après-midi pour faire des exercices, car on ne peut pas supprimer le certificat d’études.
Après les réfugiés civils arrivent par la route de Dax, sous un beau soleil, l’armée française en débâcle. (Les soldats ne savent pas où sont les Allemands). Une partie s’installe dans l’école des garçons. Les camions et mitraillettes rentrent au n°3 de la route de Dax, où ils s’enliseront dans la boue, la pluie étant revenue.
Le certificat d’étude a bien lieu le 12 juin (?) dans la salle de la cyber-base actuelle, libérée par les soldats qui errent dans la cour. Tous les candidats présents ont été reçus !
Quelques jour plus tard : “les Allemands sont à Dax. Il faut immédiatement lever le camp” crie le lieutenant. Les véhicules patinent dans la boue, le foin sorti de la grange ne permet pas aux pneus de prendre prise sur l’argile.

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