C’est le matin du 10 avril 1929, la clarté blanchâtre de l’aube commence à s’infiltrer au travers des persiennes. Durant toute la nuit la lumière a brillé dans la chambre du premier étage. Thérèse assistée de la sage-femme prépare son accouchement dans la douleur. Les deux femmes sont anxieuses, l’opération risque d’être difficile car l’enfant arrive prématurément. Mais l’angoisse vient d’autres raisons. Sa grossesse a été tourmentée et son état physique et moral est au plus bas. La joie d’être mère pour la troisième fois se mélange à la peine de savoir que l’enfant qui va naître ne connaîtra jamais son père.
Quelques mois plus tôt, elle vivait en couple heureux exploitant un commerce florissant, partageant le bonheur et la joie de vivre avec leur petite famille qui allait s’agrandir.
Mais tout ce bonheur a été balayé comme un fétu de paille par une tornade dramatique. Une maladie fatale a enlevé subitement le chef de famille. Quarante deux ans, c’est jeune pour mourir !
Cette catastrophe laissant cette jeune veuve de trente trois ans, seule, éplorée inconsolable avec deux enfants en bas âge et le troisième qui va naître.
Depuis le 28 octobre, Thérèse se bat contre l’adversité, pour continuer à vivre et garder l’espoir à ses enfants. Le courage ne suffit pas toujours, mais elle sait qu’elle porte en elle le dernier message vivant de son mari disparu.
L’instant de la délivrance approche, mais dans quelle condition l’enfant va-t-il naître ? Sera-t-il viable ? La fatalité ne va-t-elle pas frapper à nouveau ? Soudain une petite tête apparaît, l’enfant pousse un cri, signant sa volonté de vivre. Déjà la maman le saisit, l’étreint sur sa poitrine avec amour, en versant des larmes mélangées de bonheur et de tristesse. Ce petit bébé c’est moi. Je suis l’espoir, le trait d’union et cette mission me restera toute ma vie.
Merci à mon père de m’avoir conçu, merci à ma mère de m’avoir porté et élevé, merci à mes frères de m’avoir accepté et aidé !