En 1904, suite à la séparation de l’Église et de l’État, les congrégations religieuses n’avaient plus le droit d’enseigner sur le territoire français. A cette occasion, la Communauté des Frères de l’Instruction Chrétienne (dits de Ploërmel) quittèrent la France pour s’établir à Dancharinea.
Il y créèrent un collège pour l’enseignement de la langue française qui eu rapidement beaucoup de succès : de nombreux élèves d’Ainhoa, Urdax et Zugarramurdi y étaient externes tandis que les internes venaient d’Elizondo, de Pampelune, et même de Saragosse. Tout en s’instruisant dans la langue française, les élèves s’y familiarisaient rapidement à la langue espagnole.
Le père de M.St-Jean y fut élève ainsi que mon père.
Les frères vivaient à Mikelenborda, et faisaient la classe à Dancharinea, dans un grand bâtiment au bord de la route qui abrita plus tard les bureaux de la douane espagnole.
Mon père me racontait qu’il y avait beaucoup de gens qui ne parlaient que le basque et alors le premier soir de la rentrée, à la fin des cours, le frère demande aux élèves : « maintenant fermez les contrevents »…personne ne bouge, « fermez les contrevents »…personne ne bouge… et pour cause : ils croyaient qu’on leur parlait de contrebande !
Ces frères devaient être de très bons enseignants, car après cette école mon père est allé à St Genès à Bordeaux, on l’a mis directement en 5° et il a été premier de sa classe tous les ans jusqu’à sa sortie de St Genès à 17 ans.
Cette séparation de l’église et de l’état s’est assouplie par la suite. Je me souviens, j’étais à l’école à Largenté (Bayonne) et les religieuses avaient le droit d’enseigner mais vêtues comme vous et moi. Elles n’avaient plus le droit d’enseigner habillées en religieuses. La dessus la guerre éclate, et c’est le maréchal Pétain qui prend la suite du gouvernement. En retournant à Largenté, quelle ne fut pas notre surprise de voir les sœurs habillées en religieuses avec cornettes et tout et tout !…