Ma grand-mère était aubergiste à GER. Elle ne faisait pas hôtel mais avait fait restaurant au début de son installation. Nous vivions, mes parents, ma sœur, mon frère et moi-même dans la même maison. Nous dormions à 5 dans la chambre à coucher, et ma grand-mère dans un coin du grenier aménagé. En 1962, au décès de ma grand-mère, ma sœur et moi sommes parties dormir dans le lit de ma grand-mère. Nous avions personnalisé un coin en tapissant le mur avec des photos de « Salut les copains ».
Les enfants qui habitaient trop loin de l’école, pouvaient venir manger le midi à l’Auberge avec leur propre gamelle. Ma grand-mère leur servait tout de même la soupe et l’eau pour une somme modique.
A la sortie de la messe, le dimanche, les personnes plus âgées venaient boire du blanc Limé (Vin blanc et Limonade) en dégustant des petits beurres tandis que les jeunes buvaient l’apéro en mangeant des cacahuètes. L’auberge était pleine lors des dépôts de gerbe des 8 mai et 11 novembre. Il y avait 4 cafés dans le centre du village (Chez Esquerre, Conte, Brit et le nôtre Ducos), pour ne pas faire de jaloux et tous les honorer, les villageois faisaient le tour des quatre cafés. Il en va de même pour les mariages où les mariés et leurs invités prenaient l’apéritif dans les quatre cafés avant le repas.
La fête de GER se déroulait fin juillet et drainait beaucoup de consommateurs. Il fallait faire des réserves de boissons et de glace pour les rafraîchir. Les fêtes étaient très réputées et beaucoup de personnes des villages voisins étaient au rendez-vous. Elles duraient 2 jours, c’était l’occasion d’inviter des amis et de réunir les familles. Pour cet événement la mairie de GER nous autorisait à mettre les tables sur le trottoir devant le café et à rester ouvert jusqu’à 1h du matin.
Nous étions ouverts 7 jours/7 de 7h à 23h. Nous faisions également office de dépôt de tabac et de cigarettes. Nous étions en charge de la bascule communale et de la distribution des télégrammes.
Nous avions une licence 3 qui nous permettait de ne vendre que des alcools en dessous de 20° (Martini, Picon, bières, Dubonnet, Saint Raphaël, Cinzano, Byrrh et également du mousseux pour les fêtes). Le tout à boire avec modération. !!! Les « indirectes »(les impôts), nous ont refusé la licence IV du fait de notre proximité avec l’église.
L’auberge a fermé en 1985, personne n’a repris l’affaire, nous n’étions pas très bien placé par rapport à la nationale où se trouvaient déjà 2 autres auberges. Ce n’aurait pas été viable.


