L’approche de la guerre à Lorient

Je suis née à Lorient (Morbihan) le 26 septembre 1929.
Je suis l’ainée de 5 enfants et j’avais donc presque 10 ans en aout 1939, lorsque la guerre a été déclarée…

Nous étions en vacances d’été à 25 kms de Lorient, à Cléguer. Nos parents nous envoyaient à la campagne avec une « bonne » comme on disait alors. Ce jour de déclaration de guerre, toutes les sirènes retentirent partout, et comme à Cléguer, il n’y avait pas de sirène, ce furent les 2 cloches de l’église qui sonnèrent le Tocsin, et j’ai vu la dame qui nous hébergeait éclater en sanglots et rentrer chez elle. J’étais très bouleversée de voir ses larmes.
Les premières années de cette guerre nous touchèrent car le frère de mon père, marié et père de famille, partit au « front ».
En 1941, l’année de ma communion, qui eut lieu à Lorient, me marqua par tout un tas d’évènements tristes ; peu de jours avant cette solennité, je venais de perdre mon parrain et grand père paternel. Mon oncle Jean, au front, n’envoyait plus de nouvelles, sa femme pleurait.
Puis, au fil des mois, la guerre approchait. Il nous fallu évacuer Lorient car nous étions prévenus par Radio Londres de nous en aller : ils voulaient anéantir la base sous marine de Lorient.
Nous nous sommes installés à Cléguer, à six dans une seule pièce moyenne ! Mes parents allaient tous les jours travailler à Lorient dans un pittoresque train des bois, comme celui de Marquèze… et il s’y passait des choses drôles et pas drôles.
Un jour que j’étais dans ce train, à l’arrière sur une plateforme en plein air, le train cala dans une côte, les allemands étaient là déjà. Le chef du train nous dit à tous de descendre pour pousser. Moi j’avais 15 ans environ, je me dis « non, les allemands n’ont qu’à le pousser ! » et je vois arriver 4 jeunes soldats allemands qui se mettent à pousser le train, ils riaient aux éclats de l’aventure, moi vexée, je suis rentrée dans mon wagon, humiliée par ces occupants de notre pays qui avaient l’air de bien « se payer la tête de la France ».
Puis les bombardements sur Lorient détruisirent 80 % de la ville, dont notre chère maison, ce qui me valut de dormir à Cléguer sur un matelas mis par terre à la place de la table que l’on poussait je ne sais plus où. Mais j’ai fini par protester car je dormais du côté de l’armoire au dessous de laquelle on rangeait nos souliers à tous, et j’avais le nez au parfum des chaussures ! Ma sœur et moi avons pris cette place chacune à notre tour après mes protestations.

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