La ville de PAU a supporté les différentes époques de la révolution, sans trop subir des excès comme dans d’autres villes. Cependant certains événements particulièrement essentiels sont utiles d’être évoqués.
Ils sont extraits des archives départementales et des registres communaux.
L’auteur de ce texte, ayant effectué auparavant une étude plus complète sur le sujet étant concernés par deux de ses ancêtres qui ont occupé des postes importants durant cette période.
Après l’Abolition des privilèges dans la nuit du 4 août 1789, l’Assemblée du Corps de la ville de PAU, apporte son adhésion en déclarant :
« Les habitants de la ville de PAU, considérant que le salut de la patrie et le bonheur de l’Empire, ne peuvent se trouver que dans l’union intime de toutes les parties de l’état et qu’il n’existe pas sous le ciel un plus beau titre que celui de FRANÇAIS, depuis que les trois bases de la Constitution sont posés ; la LIBERTE, l’EGALITE des hommes et le RESPECT des propriétés.
Considérant que la féodalité qui affligeait nos campagnes ne dégradera plus cette classe de citoyens aussi nobles que la terre qui lui ouvre des trésors. Que le moment est enfin venu ou le BEARN, toujours uni d’affection et d’intérêt à la France, ne doit pas regretter la Constitution Nationale.
Considérant que toutes les villes et les provinces n’arrêtent pas à leur source les divisions intestines, que les ennemis du bien public formentent en soulevant les préjugés de l’intérêt particulier.
La France et ses vingt quatre millions d’habitants va toucher dans le désordre et l’anarchie et nous détruirons de nos propres mains le plus bel Empire de l’univers, auquel la Providence semble n’avoir assigné d’autre terme pour sa durée et sa gloire que celui de la dissolution du monde.
Considérant que tous les sujets d’un même souverain doivent être frères, supporter les charges de l’Etat en proportion de leurs facultés et participer à une égale distribution des bienfaits du gouvernement ; que tel est le vœu paternel de notre bon Roy. Espérant que l’exemple donné par la ville de PAU, qui a l’honneur d’être le berceau d’ HENRI IV, sera suivi par les autres Provinces du Royaume qui n’ont pas encore fait abandon de leurs privilèges et qu’elles ne peuvent en faire un plus généreux que celui de la ville de PAU.
Le 18 Novembre 1789,
La commune de PAU adresse la lettre suivante au Roy :
« SIRE, Vous avez désiré de voir tous vos sujets se rapprocher dans leurs vues, comme ils sont unis dans votre cœur.
Les habitants de la ville de PAU, touchés dans ces expressions paternelles de votre Majesté ont cimenté par l’abandon de leurs privilèges les biens de cette union intime qui les attachèrent déjà à l’honneur et à la prospérité de votre Empire.
Quel jour ! SIRE que celui ou vous verrez les Français LIBRES pour un ROY CITOYEN, travailler dans un concert unanime au bonheur et à la gloire de la Patrie. Quel mortel a une aussi glorieuse destinée que celle du ROY des Français. Nous n’ajouterons pas foi de la calomnie et vous ne verrez jamais parmi nos citoyens que des sujets fidèles, que l’erreur peut égarer un moment, mais que l’amour de la PATRIE et du ROY, resterons toujours pour les loys de l’Honneur.
Les très humbles, très respectueux et fidèles sujets de la ville de PAU.
20/21 JUIN 1791. Fuite du Roy à Varennes
9/10 AOUT 1792 Commune insurrectionnelle
21 JANVIER 1793, Exécution de Louis XVI.
Il est à préciser qu’aucun des députés des Pyrénées Occidentales n’a voté la mort du Roy. On doit noter qu’après la mort de Louis XVI, 10 feuillets du registre des délibérations de la ville ont été arrachés…
6 AVRIL 1793 Création du Comité de Salut Public
MAI/JUIN1793, les Montagnards éliminent les Girondins.
SEPTEMBRE 1793. Début de la TERREUR.
Les Officiers municipaux doivent se tenir disponibles. Quatre sont de service en permanence, aussi bien la nuit que pendant le jour et se remplacent toutes les six heures. Les séances sont publiques. Il y en a jusqu’à deux par jour. L’officier municipal qui manque deux séances, peut-être considéré comme traite à la patrie. Outre les fonctions administratives, la municipalité doit rechercher tous ceux qui sont signalés suspects par le Conseil de Surveillance.
Le 5 septembre 1793,
Le Maire de la ville déclare :
J’ai recueilli dans la ville qu’il a été formé un bureau dont l’objet est de faire rechercher des suspects et dangereux et faire autoriser l’arrestation de citoyens compris dans cette liste très étendue, on parle de onze cent personnes et je suis dans le nombre des proscrits.
Je suis très affecté du danger de cette menace. Quelle peut-être désormais la garantie d’un honnête citoyen de la conduite que j’ai tenu toute ma vie avant le nouvel ordre et particulièrement depuis que la confiance de mes concitoyens m’a mis en évidence à la place dont ils m’ont honoré. C’est une défense insuffisante !
Citoyens, je n’ai pas peur des recherches, je défie les plus acharnés, mais je redoute la violence, la passion de me désigner comme suspect. Qu’on m’accuse, qu’on me juge, mais que la loy soit observée, si je suis coupable que ma tête expie mes crimes !
27 septembre 1793.
Les citoyens MONESTIER du Puy de Dôme et Jean PINET, représentants du peuple, précédés de la musique, escortés du bataillon des volontaires, en présence d’un peuple immense, au milieu d’acclamations universelles, proclament les membres de la nouvelle municipalité.
Le Citoyen MONESTIER explique les changements apportés à la municipalité, fait l’éloge des sans-culottes et demande serment des nouveaux représentants. Il dit ensuite : Plusieurs motifs, tous puisés dans votre bonheur, nous ont fait opérer ces changements. Il serait superflu de faire l’énumération de nos griefs contre l’ancienne municipalité.
Il faut entendre la voix tonnante de la vérité et du patriotisme, vous avez été enfin convaincus que tous ceux qui avaient demandé de dissoudre la Convention, n’étaient que des hypocrites, des lâches, des aristocrates et des scélérats qui, sous le masque du patriotisme, abusaient de votre crédulité pour vous faire égorger les uns les autres et rétablir sur les débris de vos cadavres le tronc des tyrans avec leur spectre de fer.
Vos anciens municipaux avaient trempé dans cet infâme complot. En les remplaçant par des vrais Sans-culottes, nous avons rempli notre mission, envoyés vers vous pour réprimer les abus, écraser les factieux.
Le discours du citoyen MONESTIER a été couvert par des longs et nombreux applaudissements. Celui-ci donne alors le baiser de fraternité au nouveau citoyen maire désigné, qui le communique à ses collègues, sous les cris de : Vive la MONTAGNE et les SANS-CULOTTES !
Le nouveau Maire déclare : La MONTAGNE vous a sauvé et vous l’avez diffamé dans l’Arrêt du 18 juin. C’est l’œuvre de la perfidie suggérée par l’infamie des ARISTOCRATES et des GIRONDINS, leur plan étaient de nous séparer de la République et de nous traîner dans l’abîme de l’anarchie et des horreurs de la guerre civile. Et dans ce bouleversement terrible ou le brigandage eut triomphé, quel eut été votre sort ? Point de milieu, la mort ou l’esclavage.
Citoyens, il est du REPUBLICAIN d’être juste mais inflexible. Le trop de clémence est un vice, la mollesse une peste qui mine et détruit le Corps Social. Que désormais nul coupable ne soit privilégié, ainsi les mœurs s’épureront, la seule vertu triomphera et la République sera sauvée.
9 Octobre 1793
Considérant qu’après avoir extirpé les racines de l’Aristocratie, il importe d’examiner d’un œil sévère la conduite des membres du tribunal dont les principes ne se sont pas montrés en rapport des évènements. Nous considérons qu’il résulte des dénonciations qui sont faites par le Comité de Salut Public que les citoyens : Président, Juge et Greffier ne sont pas à la hauteur des principes révolutionnaires. Ils sont remplacés par des Représentants du peuple.
La municipalité décide de changer un certain nombre de noms de rues qui deviennent : Rue des Droits de l’homme, Cul de sac Républicain, rue de la fraternité, rue ça ira, rue de la liberté, Pont de la Révolution, rue de la Constitution, rue de l’égalité, rue de la Farandole, rue Tricolore, rue de la Montagne, Place des Sans-Culottes, rue des Volontaires, rue de la Carmagnole, rue Marat, rue de la Raison, rue du Bonnet Rouge, Hautel de la patrie, rue de l’Unité, rue de la Propagation…
7 Janvier 1794
La Société Populaire décide de faire elle même la distribution des grains, jusqu’alors confiée aux Officiers municipaux. C’est une attaque directe contre la municipalité.
26 février 1794 (8 Ventôse an II)
Le Comité de Surveillance dénonce au Conseil Communal, deux citoyens P et F, pour les poursuivre comme coupables de propos inciviques, contre-révolutionnaires et tendance au rétablissement de la Royauté. Un mandat d’arrêt avec perquisition est lancé.
23 MARS 1794 (3 germinal an II)
Le Comité de Salut Public dénonce par lettre deux autres citoyens CH et C, comme suspects pour les rechercher et les arrêter.
27 MARS 1794 (7 Germinal an II)
Un membre du Conseil municipal a dit : le citoyen D, Avoué, a singé le patriotisme. Il s’est popularisé et a ainsi escroqué au Conseil de Surveillance son certificat de civisme. En conséquence le Certificat lui a été immédiatement retiré.
3 AVRIL 1794 (14 germinal an II)
Le Conseil municipal considérant que le moment est venu de frapper sans miséricorde les traites, les contre-révolutionnaires, les gens suspects et inciviques, de découvrir les gens oisifs et cette ruée de vagabonds qui n’ont aucun domicile fixe. Considérant que pour atteindre ces hommes dangereux et nuisibles à la souveraineté du peuple, à la liberté et à l’égalité, il convient de prendre des mesures révolutionnaires.
20 MAI 1794 (1 prairial an II)
C’est une vérité que les Républicains sont capables de tous les sacrifices, l’amour de la patrie étant le premier aliment, leur bonheur n’existe que dans sa félicité parfaite, c’est lui qui dédommage des privations, des efforts qu’ils font pour le triomphe de la liberté, c’est lui qui leur inspire le courage, l’héroïsme, rend les hommes sages, humains et justes. Citoyens ! C’est donc légitime que nous vous imposions la loy de ne pas manger pendant dix décades, ni bœuf, ni vache, ni veau, ni génisse, ni mouton, ni brebis. De cette privation, dite CAREME CIVIQUE dépend le succès de nos armées.
5 JUIN 1794 (17 prairial an II)
Le Maire déclare : J’ai l’avantage de concourir à l’énumération des travaux innombrables du vigilant, du vertueux MONESTIER. Il en résulte que la dénonciation à l’encontre de celui-ci, n’est qu’une insigne calomnie et le comble de la scélératesse.
Car vous savez tous, que le sage MONESTIER a contribué à la propagation de l’esprit public, à l’écrasement du fanatisme. Je vous propose de donner votre assentiment en rendant hommage aux soins paternels, aux talents et aux vertus du montagnard MONESTIER.
Applaudissements unanimes, une réclamation est faite à la St/Populaire.
2 février 1795 (15 pluviôse an III)
Nomination du nouveau maire (déjà maire en 1791)
17 avril 1795 (28 germinal an III)
Contrôle de tous les objets relatifs à la comptabilité de l’ancienne municipalité. A la suite, une liste de 21 citoyens est établie en vue de les désarmer dont plusieurs anciens officiers municipaux.
MAI/JUIN 1795. C’est le début de la TERREUR BLANCHE
7 JUIN 1795 (19 PRAIRIAL an III)
La nouvelle municipalité dénonce au tribunal criminel tous les individus inculpés dans les procès-verbaux de la Société Populaire.
18 septembre 1795 (2 ème jour complément de l’an III)
Le Conseil municipal dénonce à la Convention Nationale les horreurs commises par MONESTIER pendant sa mission dans les Pyrénées Occidentales.
Des hommes qui sont parvenus aux derniers excès du crime par l’abus du plus sacré des mandats n’auront pas l’avantage de courir à l’impunité. MONESTIER a été le fléau des Pyrénées Occidentales. Son nom n’y est prononcé qu’en frémissant. Le peuple l’accuse : Prêtre dissolu, il a perverti les mœurs, tourmenté l’opinion, honoré le scandale, prêché la débauche, il a ordonné un carême civique et tenu siège à la Société Populaire. Atroce dans ses vues, perfide dans ses moyens, il a mis en places des hommes sans morale, souillés, avides d’or et de sang.
OPINIONS DES HISTORIENS
Pendant la Terreur, la Municipalité a été sous l’emprise de MONESTIER, Représentant du peuple. Les Officiers municipaux prirent certaines mesures tyranniques, mais toujours exécutées suivant la volonté du Représentant du peuple.
La municipalité assura cependant la sécurité des familles et la liberté des citoyens. Elle fit preuve de justice, d’impartialité et d’indulgence. Grâce à la municipalité en place, un grand nombre de personnes purent échapper à la proscription.