NOUSTY, fille des Pyrénées
Le village de Nousty est installé dans la vallée de l’Ousse, au pied du plateau de Ger, entre les coteaux de Morlaas et la colline qui, de Bizanos à Lourdes, domine la vallée actuelle du Gave de Pau.
Le passé géologique : le gave de Pau a tracé le cours de l’Ousse.
Du point de vue géologique, ce territoire est étroitement régi par l’histoire de la chaîne des Pyrénées.
Il y a 500 millions d’années, au début de l’ère primaire, le secteur comme l’ensemble de la chaîne était recouvert par la mer (Téthys) au fond de laquelle s’accumulèrent de sédiments au cours du primaire et du secondaire, un peu bousculés lors du plissement hercynien (360 millions d’années). C’est à partir de l’Eocène (environ 35 millions d’années) qu’apparaissent les premiers sédiments qui peuvent être repérés sur les profils géologiques du secteur (sables de Baliros-Lagos). Ils sont surmontés par les poudingues de Jurançon, du Miocène (23 millions d’années) puis par des argiles à galets et des dépôts en zone lagunaire ayant permis la formation de lignite.
Les Pyrénées qui s’étaient érigées à la période Oligocène (34 à 30 millions d’années) ont commencé leur érosion, alimentant les dépôts de sédiments fluviaux, puis fluvio-glaciaires qui se sont déposés sur le plateau de Ger. Les fonds de vallées se sont progressivement creusés d’abord en direction du nord, puis s’infléchissant vers l’ouest ainsi que le fait l’Ousse à partir d’Espoey.
Au départ, la vallée actuelle de l’Ousse était en fait le cours initial du gave de Pau qui venant de Gavarnie et grossi par des affluents des vallées de Cauterets et du Lavedan continuait tout droit à Lourdes vers Pontacq et Espoey. A l’occasion d’un fort mouvement tectonique créant une faille, le gave a quitté notre vallée pour rejoindre l’Ouzoum à Coarraze, en passant par Lestelle-Bétharram, et accentuer ainsi le creusement de la vallée de Nay.
La vallée de l’Ousse est plus haute de 75 mètres que celle de la vallée du gave de Pau ; elles se rejoignent au niveau d’Artix.
Nousty-Plage.
La colline, au sud du village, (Le Bois) sur la crête de laquelle passe le chemin d’Henri IV, présente des affleurements géologiques intéressants : sables, poudingues et des argiles à galets. Cette dernière formation daterait de la fin du tertiaire (entre 5 et 3 millions d’années) et renferme une couche de lignite pouvant atteindre 8 m d’épaisseur, caractéristique du dépôt de matières végétales et d’arbres en zone lagunaire.
Sans doute Nousty se trouvait-il dans un delta fluvial très proche du golfe de Gascogne, où une zone marécageuse a favorisé la formation de lignite.
Une couche d’argiles beige et blanche le surmonte, le tout recouvert par les nappes fluviatiles.
La Mine : découverte et exploitation – l’arbre fossile
Découverte et exploitation.
Le lignite.
La couche de lignite affleure sur le chemin d’Angaïs ; elle traverse en quelque sorte le coteau, c’est ainsi qu’on la retrouve de l’autre côté, à Nousty, où son exploitation a été envisagée.
La découverte du lignite fut faite par le curé d’Angaïs.
Une société d’exploitation fut constituée entre le minotier Heïd, le bijoutier Lafitte-Pernod, Lacoste, maire de Pau et Gouadouneau, exploitant de carrière à Barlest (65). Un acte de location du terrain fut établi par acte notarié en date du 20 juillet 1907. L’exploitation était assurée par 20 ouvriers encadrés par un contremaître.
Ces ressources géologiques on fait l’objet d’une exploitation dans les années 1920, au cours desquelles le « charbon » était convoyé par des charrettes à bœufs jusqu’à la gare de Nousty, à travers le Cousseau, pour y être chargé sur le train du POM (Pau, Oloron, Mauléon dont le terminus se situait à Pontacq) et acheminé vers Pau et d’autres destinations. Il y avait un petit train pour descendre le lignite depuis la Mine.
Une partie de ce combustible était embarquée sur le train, l’autre consommée sur place.
La qualité très médiocre de ce combustible ne lui assura pas un grand avenir : il fumait beaucoup!
L’argile.
L’extraction du lignite fut abandonnée au profit de celle des argiles du gisement.
Celles-ci étaient parfaitement malléables et de qualité homogène. Une briqueterie fut édifiée afin de fabriquer des briques (estampillées « Nousty »), des carrelages, de la céramique et de la faïence (on a pu en trouver encore dans des éviers de certaines maisons de Nousty)
La société fit faillite, malgré une tentative d’amélioration du fonctionnement par installation d’une ligne électrique. Installation dont bénéficièrent les fermes voisines, ce qui était exceptionnel à l’époque.
Une remise en service de l’extraction de lignite a eu lieu pendant la guerre de 39-45. Le transport s’effectuait par camions gazogène vers Pau et réexpédié vers Paris et autres destinations. Puis la mine fut définitivement abandonnée.
Il ne reste plus de l’usine que l’imposante cheminée de 27 m qui a résisté à des tentatives de démolition.
Son emplacement actuel est improprement désigné sous l’appellation de « La Mine »
L’arbre fossile.
La couche de lignite est entourée de dépôt d’argile, consécutivement à de l’eau de mer stagnante. Cette argile, constituée de deux couches très nettes, est imperméable ce qui explique la conservation d’un arbre fossile qui apparait suite à l’effondrement des galeries.
La couche où se situe l’arbre fossile date du Ponto-Pliocène et compte 40 à 45 mètres d’épaisseur. A l’intérieur, la couche de lignite ne compte que 2 à 8 mètres.
Une étude micrographique réalisée par des scientifiques a établi que cet arbre est un Conifère, de la famille des Taxodiacées (Taxidum Disticum : Cyprès Chauve), semblable au Séquoia et daterait d’environ 5 millions d’années. C’est un arbre à écorce souple dont on trouve un exemplaire au Parc Beaumont.
Et l’Histoire
Durant cette période, de jeunes réfugiés lorrains vinrent y travailler. Quand ils prirent le maquis, à l’appel de la radio de Londres, ils tendirent leur première embuscade contre un convoi allemand avec du matériel « emprunté » à la mine !