La Pêche aux Oursins

Cette semaine nous allons à  Noisy nous annonce Papa. Une immense joie inonde mon cœur.

Noisy ! Ce joli petit village tout prés de Mostaganem,tout prés de la Stidia,tout prés de la mer, la Mediterranée notre « mare nostrum ! » et surtout un nid de verdure, de fraicheur ou l’eau coule partout en rigoles en cascades ou je retrouve mes oncles mes tantes et mes cousines.

Mais cette fois le voyage a un but très particulier, c’est la saison de la pêche aux oursins et l’oncle Auguste est un pêcheur invétéré ! Cela promet une merveilleuse journée dans les rochers et sur la plage de sable fin de la Stidia, en maillot de bain au soleil déjà chaud du printemps d’Algérie.

Nous partons la veille traversons la grande plaine du Sig et Perrégaud  ou les arbres fruitiers et les oliviers s’étendent à perte de vue. En cette période de l’année les pommiers les cerisiers les pruniers sont en fleurs, c’est un spectacle enchanteur, l’air est parfumé, les yeux se réjouissent.

Le lendemain nous nous levons très tôt. Tata Célèstine a préparé le pique-nique et les boissons. Les Reppelins ceux sont joints à nous ; chic ! Leur fille ainée Camille est du même âge que ma cousine Germaine et moi ;

Nous arrivons sur la plage aussitôt les quatre hommes retroussent leur pantalon et s’avancent dans la mer au milieu des rochers à la recherche des oursins agrippés fermement à la roche. A l’aide d’un couteau ils les décrochent et les déposent dans un grand panier rond en osier. Les quatre femmes s’activent à préparer le repas, elles nous demandent d’aller chercher du bois pour allumer le feu et tandis qu’elles font cuire les poulets et la sauce dans laquelle elles feront cuire le riz, nous enlevons nos robes  et nous retrouvons en maillots (quelle difference avec les maillots d’aujourd’hui : en tissu élastique noir, ils nous enveloppaient le corps  avec des manchettes et un petit caleçon qui descendait jusqu’aux genoux c’était chouette!). Avec délice nous nous ébrouons dans la mer, nous essayons de nager comme des grenouilles en faisant plein d’écume en nous éclaboussant d’eau de mer, nous avalons de l’eau salée, les yeux nous piquent et nous rions à pleine voix. 

Midi arrive « l’arros con poillot » est cuit à point , les hommes sortent de l’eau leurs paniers remplis d’oursins.  « Ce sont des violets ! » annonce triomphalement Tonton Charlot (car pour les deux frères de Maman il y avait une distinction, l’un, le frère ainé qui l’avait élévée à la mort de son père, nous l’appelions : l’Oncle Auguste, l’autre son dernier frère, son cadet d’un an, était pour nous Tonton Charlot). Assis en rond autour du foyer, sur le sable chaud nous dégustons avec une délicieuse gourmandise  les merveilleux oursins violets. …..Quatre-vingt deux ans se sont écoulés depuis ce temps heureux de mon enfance ! Jamais je n’ai oublié ce goût délicieux dont je me délectais dans mon palais gourmand !…..Le lendemain nous reprenions en sens inverse la traversée de la grande plaine du Sig  pour nous retrouver dans l’immense aridité de la M’létat notre plaine à nous en bordure de la Sebkra.

 

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