Sur le plan de la vie sociale, Mouguerre a évolué comme les autres communes rurales françaises avec deux changements majeurs, consécutifs tous deux à une période de conflit armé :
– l’industrialisation des années 1920 et la mécanisation ;
– le succès de l’économie de marché après la Seconde Guerre Mondiale.
Au début du XIXe siècle, les paysans formaient la majeure partie des habitants de la commune mais cette paysannerie était loin d’être homogène. À la tête de la hiérarchie paysanne on trouvait les laboureurs ou cultivateurs qui étaient souvent propriétaires de leurs terres. Juste en dessous les fermiers et les métayers puis les journaliers et les domestiques.
Les exploitations agricoles, utilisatrices d’outils rudimentaires, étaient demandeuses de main-d’œuvre et supportaient des familles nombreuses où chacun avait sa part de travail. Très jeunes, les enfants étaient sollicités pour des travaux divers comme la garde des animaux avant de rejoindre leurs parents aux champs vers l’âge de 12-13 ans. Il en était de même chez les artisans, peu nombreux, qui exploitaient toutes les forces vives de la famille.
Les notables (notaires, médecins…) constituaient une sorte d’aristocratie familière dans la commune, bien acceptée par les autres classes sociales. La vie s’organisait autour de la famille qui constituait non seulement une entité biologique mais également une cellule économique. Au début du XXe siècle le niveau de vie des Mouguertars était peu élevé et l’autosuffisance était une règle de vie.
La 1ère Guerre mondiale changea profondément les mentalités. Les hommes partis au front découvrirent d’autres styles de vie, d’autres méthodes de travail, auprès de leurs camarades de tranchées. Les femmes restées au pays prirent en charge, de façon souvent remarquable, l’ensemble des tâches habituellement dévolues aux hommes. Durant les années qui suivirent, les petits commerces connurent leur apogée et les Mouguertars se rencontrèrent davantage. La mécanisation modifia la structure sociale. Elle réduisit les besoins en personnels des exploitations agricoles mais également élimina l’artisanat local avec la mise en place de produits manufacturés à moindre coût.
Seuls les commerces, en particulier les métiers de l’alimentation, se développèrent. Les « petits métiers », notamment ceux ayant trait à la domesticité, disparurent.
L’industrialisation du quartier du Port avec l’implantation des premières salines se traduisit par l’arrivée de nouveaux habitants et l’apparition d’une nouvelle classe sociale, la classe ouvrière, initiatrice d’un nouveau style de vie, plus associatif mais également plus revendicatif, qui caractérise encore ce quartier de nos jours.
Sur le plan administratif, les Mouguertars étaient partagés entre partisans de la modernité mise en place par l’État et partisans de la tradition. Les tensions étaient réelles dans les domaines éducatifs et religieux (école libre et école privée).
Après la 2ème Guerre mondiale, durant la période 1950-1980, dite « les trente glorieuses », la physionomie de la France change totalement. Le pays bascule d’une économie de production à une économie de marché. L’amélioration des conditions de vie est générale : électrification généralisée, adduction d’eau potable, réalisation d’un réseau de voies de communication et de transport fiable, modernisation des moyens d’information. C’est la période du « plein emploi ». Les femmes quittent les foyers pour intégrer la vie professionnelle. La population agricole diminue au profit du secteur secondaire industriel.
Mouguerre connaît une transformation profonde dès la fin de cette période. De nombreuses terres agricoles deviennent constructibles. De nouveaux lotissements apparaissent et la population s’accroît rapidement avoisinant les 4 000 habitants en 2000, créant de nouveaux besoins administratifs, scolaires et associatifs.
Les trois quartiers de la commune
Le Bourg (ou Haut Mouguerre) s’accroît véritablement entre 1970 et 1980 (hameau de Mouguerre Village, lotissement Mouguerre Bourg). Siège de la mairie et de la Poste, il constitue la partie essentielle de la vie communale.
Le quartier Elizaberry (ou Petit Mouguerre), au caractère basque très marqué, constitue un centre d’élevage avec des vertes prairies et des vergers abrités. Il a résisté plus longtemps à l’urbanisation et garde encore aujourd’hui son caractère rural. Son positionnement par rapport au réseau routier, et notamment l’autoroute, l’attire vers Saint-Pierre-d’Irube.
Le quartier du Port a vécu une première vague de construction après la 1ère Guerre Mondiale avec l’installation des Salines, puis la construction des lotissements des Barthes Neuves entre 1957 et 1964. Sa population, en grande partie d’infiltration landaise, est fortement imprégnée d’un état d’esprit associatif.
Mais, le temps faisant son œuvre, les désaccords entre les trois quartiers de Mouguerre s’estompent progressivement et la ville s’intègre davantage à la communauté bayonnaise.
Extrait du Guide Patrimonial, édité par l’association Mouguerre Patrimoine et Culture