Découverte d’un métier dans les années 66/68

A la sortie  d’une année d’école d’infirmière, ne pouvant continuer mes  études, suite au décès de ma mère, je rencontre un pasteur qui m’oriente vers une profession que je ne connais pas : « Travailleuse  Familiale » qui a vu le jour en 1947  (année de ma naissance).

Après acceptation de mon dossier, j’achète un solex  flambant  neuf. Je commence ma première journée  en doublon avec  une  collègue.

Le  site, un baraquement en bois sur les hauteurs de Charleville –Mézières (Ardennes ), pas de chauffage, deux pièces , dans un réduit ,une grosse lessiveuse remplace la baignoire. Je  comprends très vite quel va être mon  rôle, ménage, repassage, aller chercher les enfants à l’école et aide aux devoirs. Pendant deux  mois, deux fois par jour soit 4 heures par intervention, je me rends dans une nouvelle  famille. Pour une bonne moitié, elles sont de diverses  cultures. Puis, un stage en maternité de 15 jours et un en crèche.

Le temps est venu de travailler seule. La peur au ventre, je pars en déplacement du lundi au vendredi à 15 kms de chez moi. Pas d’horaire  de  travail, il  me faut prendre en charge une famille dont la maman est  absente, le papa est agriculteur. C’est en plein hiver dans un petit village de 350 habitants, 9 enfants à la maison, 3 ne vont pas en classe. Côté pratique, l’école se situe en face.  Il me faut vite retenir les prénoms, découvrir l’épicerie du village, pour les courses, l’épicière marque  sur un cahier….. Le papa  dépose un gros lapin sur la table !!! ouf je sais faire !!!

Jeune  fille à l’époque, je me retrouve à la tête d’une famille nombreuse, « même pas peur » !

Le soir à 21 heures les pieds me brûlent, vite une petite toilette avec les moyens du bord et au lit. La semaine s’écoule avec le souvenir de la lessive au lavoir du village… le repassage avec le fer sur le poêle, le petit dernier qui pleure après sa maman, et, j’en passe.

Un peu de joie, c’est  vendredi. La maman rentre avec le bébé, juste le temps de boire le café ….les voisines  accourent pour voir le poupon. Il y avait peu de voiture à l’époque.

Retour chez moi ? Je me sens bien seule !!! j’ai le sentiment du devoir accompli. Chaque famille sera différente. L’efficacité et la discrétion seront  de rigueur pour ce métier.

Place aux choses  sérieuses. Une bourse m’est  accordée pour partir  dans un centre régional de formation à Metz (57).  Je signe un document en prenant conscience que je devrai travailler 9 années pour l’organisme qui m’emploie sous peine de rembourser la formation au prorata des heures restant  à effectuer. Au bout d’une année, j’obtiens mon diplôme.

 Me voici armée d’un vrai métier. J’en suis fière. C’est un métier très dur mais gratifiant. Je l’ai exercé 19 ans. Que de souvenirs ! La profession existe toujours sous le sigle. T I S F  (Travailleur Social  en Intervention Familiale)

 

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