Napoléon III avait doté le Sud-Ouest d’un réseau de grandes voies ferrées. Ce réseau allait être complété dès 1879 par des voies secondaires dans le cadre du plan Freycinet. La ligne dite « pénétrante » Bayonne / St Jean-Pied-de-Port fut déclarée d’utilité publique le 28 juillet 1881 et concédée le 20 novembre 1883 à la Compagnie du Midi (…)
Cette ligne fut mise en chantier dès 1883. Son tracé exceptionnel dans les gorges de la Nive nécessita d’importants ouvrages d’art, murs, ponts ou tunnels. (…) Les expropriations menées pour l’Etat par l’administration des Ponts et Chaussées se sont déroulées à partir de 1882. Les terrains comprenaient des bois, taillis, pâtures, futaies, prés, vergers, châtaigneraies, et de la vigne.
La ligne de chemin de fer à travers les délibérations municipales
Le premier problème rencontré fut celui du tracé qui, à l’état initial du projet, évitait Itxassou. Il reliait Cambo à Hasparren et Louhossoa-Harnaberria. Le conseil municipal dut réagir très vite :
1er juin 1879 : Depuis vingt ans, les populations de la vallée de la Nive ne cessent de réclamer la création d’un chemin de fer qui, pouvant aisément porter au port de Bayonne les produits si riches et si variés de son sol, leur permettrait d’exploiter les richesses minières et forestières qu’elles possèdent et qui sont aujourd’hui abandonnées.
La création du chemin de fer de Bayonne à St Jean Pied de Port et à Baïgorry prévue par le ministre des Travaux Publics peut donner satisfaction à des intérêts généraux trop longtemps oubliés. La ville et la Chambre de commerce de Bayonne, dont l’intérêt est en ces points identiques à celui de nos populations, ont, suite à une étude approfondie des intérêts du pays et de ceux de l’état, décidé d’appuyer auprès du ministre la demande en concession du chemin de fer dont il s’agit, formée avec l’appui d’un syndicat financier présidé par le Baron de Reinach.
Le conseil municipal d’Itxassou croit devoir faire part des inquiétudes que lui causent les démarches d’une commune voisine de Cambo pour obtenir un tracé qui à partir de Cambo se dirigerait sur Hasparren, pour revenir sur Louhossoa et rejoindre la vallée de la Nive à Harnaberria, ce qui laisserait notre commune dans un complet isolement. On allègue que le tracé par le Pas de Roland offre de graves difficultés, qu’Itxassou n’a d’ailleurs aucune importance au double point de vue commercial et minéralogique. Ces allégations sont des plus étranges puisqu’Itxassou, au point de vue commercial, ne se borne pas à des cerises dont l’importance mérite mieux qu’une dédaigneuse mention. Le commerce de laine, d’écorces, celui des fromages et des agneaux ne sont pas sans une réelle importance. Le point de vue minéralogique mérite aussi une mention spéciale, dans la colline qui touche le Pas de Roland il y a des gîtes de feldspath et de kaolin qui sous tous les rapports ont l’importance des gîtes similaires de Louhossoa. Le voisinage immédiat du Pas de Roland renferme des gîtes inépuisables de calcaires à ciment magnésien et d’autres calcaires dolomitiques, ceux-ci pourraient trouver un débouché comme fondant dans les usines à fer pour acier. Les assises nombreuses et puissantes du grès rouge de Harsamendy qui sont à très peu de distance de la Nive à Laxia même donneraient certainement lieu à d’importantes exploitations de matériaux de construction, il en sortirait des pierres d’appareils de tous échantillons. Dans cette vallée de Laxia il faut signaler un gîte de pyrites de fer et des indices de minerais de cuivre dont la reconnaissance a été ajournée à cause des hauts prix des moyens de transport. L’usine à fer d’Olha à Laxia même, avait dans la vallée plusieurs gîtes de minerais de fer et ce n’est qu’à l’épuisement des forêts qu’on devait attribuer sa suspension qui remonte à environ un siècle.
L’abandon de la ligne si naturelle du cours de la Nive, dans la traversée de son territoire, causerait un grand préjudice à Itxassou. Cette commune n’enlève pas à Louhossoa la station de Harnaberria qui sera sur son territoire et à environ un kilomètre de son église avec une route carrossable L’objection fondée sur les difficultés coûteuses qu’offrirait la traversée du Pas de Roland n’est pas bien sérieuse, puisque les roches du défilé sur la rive droite sont moins difficiles à escarper que sur la rive gauche où la commune a néanmoins remplacé et bien récemment un très mauvais sentier par un bon chemin à voiture en y dépensant moins de 30 000 F. Pour ces motifs, le conseil délibère prier le ministre des Travaux Publics de prendre les mesures nécessaires pour faire, immédiatement, procéder à la construction de la ligne ferrée de Bayonne à Baigorry passant par Itxassou. Il désigne M. Le Beuf avoué licencié, pour se joindre aux délégués envoyés par la ville de Bayonne auprès du ministre et soutenir auprès de lui les intérêts de la vallée de la Nive et de la commune d’Itxassou qui sont sur ce point identiques à ceux de la ville de Bayonne.
Il s’ensuivit que le tracé par Itxassou fut retenu.
13 juin 1880 : Le conseil s’engagea à céder gratuitement les terrains communaux pour la réalisation de la voie ferrée.
5 août 1888 : Le conseil municipal, considérant :
• que l’urgente exécution du chemin de fer de Bayonne à Baïgorry et à St-Jean-Pied-de-Port est nécessaire aux intérêts de la commune,
• que, malgré la lenteur avec laquelle sont conduits les travaux de construction de ce chemin de fer, les offres faites au Conseil Général des Basses-Pyrénées dans le courant de la session d’avril 1888 par la Compagnie des chemins de fer à voie étroite du Midi permettaient d’espérer la prompte ouverture de la ligne de Baïgorry à St-Jean-Pied-de-Port si elle était comprise dans le réseau départemental projeté,
• qu’il importe que cette ligne soit établie à voie étroite ou à la largeur normale,
• que la seule condition urgente est qu’un chemin de fer mette en communication les populations et les produits des vallées de la Nive avec le port de Bayonne et avec les chemins de fer d’intérêt général qui y aboutissent, émet le vœu :
• que le préfet et le Conseil général s’entraident au plus tôt avec l’Etat, la Compagnie du Midi et la Compagnie des chemins de fer à voie étroite pour classer le chemin de fer de Bayonne à St- Jean-Pied-de-Port et à Baïgorry dans le réseau départemental projeté des voies ferrées étroites,
• que ce faisant, ils imposent l’obligation que la partie de la ligne dont l’infrastructure est achevée soit livrée à l’exploitation dans les six mois de l’homologation de la concession à intervenir et que le reste de la ligne soit livrée à l’exploitation dans l’année à partir de la même date.
24 novembre 1889 : Les communes voisines de Louhossoa, Bidarray, Hélette, Macaye, Mendionde et un grand quartier d ‘Espelette sont intéressées par ce chemin de fer en attendant qu’il aille jusqu’à St Jean-Pied-de-Port. Le conseil appelle l’attention de l’autorité supérieure sur cette question et le prie d’intervenir auprès de la Compagnie pour obtenir l’ouverture de la voie jusqu’à Itxassou. Le deuxième problème fut celui de la position de la gare d’Itxassou située rive droite de la Nive et éloignée du bourg. Son accès était possible par le pont suspendu avec un détour de près d’un kilomètre ou par un bac payant desservant directement la gare depuis la rive gauche de la Nive.
15 mai 1892 : Le maire appelle l’attention du conseil sur l’emplacement de la gare d ‘Itxassou qui se trouve à 700 m de la route nationale n° 132. Tous les habitants du village ainsi que ceux des communes environnantes seront obligés de suivre, à partir du pont d ‘Itxassou, l’avenue d’accès d’une longueur de 700 m. Le maire fait remarquer qu’il existe un passage à niveau à la sortie du pont qui est en même temps l’origine de l’accès à la gare, qu’il n’y aurait aucun inconvénient ni surcroît de dépense pour en faire une halte sans bagages. Le conseil municipal prend en compte de nombreuses réclamations formulées par les habitants de la commune et ceux des communes voisines au sujet de l’éloignement de la gare. La solution indiquée par le maire donne entière satisfaction à ces réclamations. Il prie le sous-préfet d’intervenir auprès de l’administration supérieure pour qu’une halte sans bagages soit établie au passage à niveau existant à la sortie du pont suspendu d Itxassou.
13 novembre 1892 : Le maire expose que le premier train venant de Bayonne arrive à Itxassou vers 10 h 30 du matin et le dernier à 8 h 30 du soir, au plus tard à 9 h, car il est souvent en retard. Le conseil demande que les heures des trains soient fixées comme suit : Départ de Bayonne : vers 7 h du matin, vers midi, vers 5 h 30 du soir. Départ d’Ossès : vers 7 h du matin, vers midi, vers 5 h 30 du soir. Le conseil municipal prie le sous-préfet d’intervenir auprès de la Compagnie du Midi pour obtenir les modifications demandées et d’insister d’une manière particulière sur le dernier train qui devrait absolument partir de Bayonne vers 5 h 30 du soir.
18 décembre 1892 : Le maire expose au conseil que, vu le mauvais état du chemin d’accès de la station d ‘Itxassou, construit par l’Etat, il a demandé des renseignements pour savoir à qui incomberait l’entretien de cette voie. Il semblerait que le service de construction du chemin de fer veuille faire la remise de ce chemin à la commune. Le chemin sera livré en bon état d’entretien sur toute sa longueur par I’Etat, ou bien il sera payé à la commune une somme nécessaire à la mise en état qui serait faite par le service vicinal. La commune le classera dans son réseau des chemins vicinaux ordinaires. Le montant des travaux serait de 1 750 F. Le conseil considérant que, en raison de la situation excentrique de la station et de l’impossibilité pour la commune d’éclairer la voie d’accès, il importe que cette voie soit réparée le plus vite possible.
6 août 1893 : Le maire expose que le conseil d’arrondissement a de nouveau émis le vœu qu’une halte sans bagages soit établie près du pont suspendu d ‘Itxassou, comme l’a déjà demandé le conseil municipal par délibération du 15 mai 1892. Le conseil prie le maire de transmettra ses remerciements au conseil d’arrondissement pour avoir appuyé la demande.
20 février 1898: Le maire expose qu’il y a un réel avantage pour notre commune ainsi que pour toutes celles desservies par la ligne de Bayonne à Ossès au rétablissement du train de 2h 40. Le conseil prie le préfet d’intervenir auprès de la Compagnie du Midi pour obtenir dans le plus bref délai la mise en service du train partant de Bayonne vers 2 h 40 du soir et arrivant à Ossès vers 3 h 50. Le conseil estime que l’on pourrait supprimer le second train du matin, au besoin.
28 août 1932 : Les soussignés, représentants des habitants des quartiers de la Place, Basseboure, Pannecau, Roby et Olhassour de la commune, ont l’honneur de prier le maire de bien vouloir obtenir que les trains de voyageurs de la ligne de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port et vice versa fassent au chalet n° 18, pont d ‘Itxassou, un arrêt suffisant pour permettre aux voyageurs sans bagages de monter dans les voitures ou d’en descendre sur ce point.
Le chalet n° 18 qui surveille le passage à niveau de la route nationale Bayonne/Saint-Jean-Pied-de-Port, est situé à environ 900 m de la station, les voyageurs sont obligés pour y accéder soit de passer sur le pont d ‘Itxassou, près du chalet, soit d’emprunter le bac qui se trouve en amont et qui est payant. Le bac ne peut être manœuvré ni par crue ni par sécheresse, situé à 800 m au sud de la station. Plus de 120 ménages sont intéressés à la réalisation de cet arrêt du train. Beaucoup d’entre eux ont délaissé la voie ferrée et utilisent les autobus pour leurs déplacements.
3 mars 1934 : Moyens de communication existants : chemin de fer de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de- Port avec gare à Itxassou et service régulier d’autobus entre Itxassou et Bayonne les lundis, jeudis et samedis. Citroën projette la création d’un service journalier reliant Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port avec halte obligatoire à Itxassou.
1er décembre 1935 : Projet de coordination des transports publics sur la ligne de Bayonne à Ossès. On évoque pour la première fois la fermeture de la station d ‘Itxassou pour les voyageurs. Cette station est actuellement desservie par cinq services jour, aller et retour, de trains de voyageurs et par six tournées en été. Ces cinq ou six services seraient remplacés par deux services seulement effectués par autobus. Le conseil proteste contre cette initiative. Il demande le maintien du trafic voyageur pour toutes les stations de la ligne de Bayonne à Ossès. De nos jours, une halte simple pour voyageurs existe, située 50 m après la gare qui a été fermée et vendue à un particulier en 1991 pour en faire une maison d’habitation.
Les voyageurs peuvent laisser leur véhicule sur un grand parking de la SNCF et doivent acheter leur billet au contrôleur dans le train.
Association Jakintza – Itxassou